Il n’y a pas de fumée sans feu!

La fumée de nos feux de forêt printaniers sonne l’alarme dans toute l’Amérique, et même le monde. Photo : Matt Howard (Unsplash.com)

La fumée de nos feux de forêt printaniers sonne l’alarme dans toute l’Amérique, et même le monde. Que faut-il comprendre?

D’abord et avant tout, le réchauffement, ou plutôt le dérèglement du climat et de la nature entre dans une phase sérieuse.

Coup sur coup, au Québec, nous sommes frappés : verglas, inondations, et maintenant feux de forêt d’une ampleur et d’une précocité jamais vues. Au point où tout le Québec — sauf l’est! — et la côte Est américaine prennent des couleurs d’apocalypse. Les experts le prédisent depuis quelques années déjà : la prochaine décennie va marquer un point de bascule dans la dégradation de nos conditions de vie sur cette planète, et l’effondrement des écosystèmes : sécheresses, famines, feux, inondations, tempêtes, épidémies, pénuries, migrations massives, violences, guerres, etc.

Ensuite, il faut comprendre que nous ne sommes pas prêts à affronter cette crise planétaire. Nos forêts issues de monocultures d’épinettes sont des nids à feu.

On parle bien sûr de plus en plus d’environnement. Les citoyens s’impliquent et font preuve d’initiatives remarquables. On multiplie les conférences et les ententes internationales qui impliquent les dirigeants politiques et les mouvements citoyens. Mais l’empire des multinationales, et les inégalités entre pays développés et pays en développement demeurent un frein majeur à leur mise en œuvre.

Et surtout, le système capitaliste mondialisé qui domine notre politique concentre les efforts sur le verdissement de notre de mode de vie plutôt que sur son changement réel.

L’électrification y est présentée comme la solution magique pour éliminer les gaz à effet de serre, mais on évite systématiquement de s’attaquer à notre surconsommation d’énergie et de ressources qui devient chaque jour plus insoutenable pour notre planète finie.

L’électrification ne nous permettra pas d’éviter l’effondrement de la biodiversité et des équilibres naturels de notre habitat. Il faut aussi le dire : on tient tous à notre confort moderne.

Un autre signal qui nous vient de la fumée de nos feux de forêt, c’est l’importance des communautés locales.

Quand une communauté est en danger, ses plus fervents défenseurs sont ses citoyens, ceux qui y sont nés et qui l’habitent, et leurs dirigeants locaux, les maires et leurs conseillers.

Le rôle de l’État et des structures de sécurité civile est bien sûr important, mais le nerf de la guerre demeure la solidarité et la détermination des communautés qui n’acceptent pas d’être sacrifiées, qui organisent les évacuations et qui accueillent les évacués, alimentent les centres de secours, fournissent les pompiers volontaires, etc.

On n’oubliera jamais la mairesse de Lac-Mégantic, ni la mairesse de Chibougamau, ni le cri du cœur de ces citoyens déterminés de Clova ou de Normétal.

La véritable force d’intervention, dans les crises qui s’annoncent, elle est dans le peuple, dans les communautés locales, dans les municipalités.

C’est sur le terrain, dans les régions, dans les villages que se joue l’avenir de l’environnement, de l’eau potable, des forêts, des ressources, des terres et des eaux nourricières.

Malheureusement, nos dirigeants politiques continuent à traiter les autorités municipales comme des enfants. Comme l’exprimait si bien dans La Presse l’ex-maire de Gatineau, Maxime Pedneault-Jobin : « Quand les villes sont affaiblies par leur fiscalité déficiente, ce qui est le cas; quand les villes sont affaiblies par un cadre légal qui les étouffe⁠, ce qui est aussi le cas, c’est toute la résilience du Québec qui diminue. »

La décentralisation économique et politique est un passage obligé pour la transition écologique, on ne le dira jamais assez.

Les citoyens sont les seuls qui ont vraiment intérêt à protéger leur territoire, leur communauté, leur gagne-pain, leur habitat.

Il faut leur en donner les moyens et les pouvoirs. Il faut créer des comités citoyens de transition écologique dans chaque ville et village.

C’est un excellent lieu d’engagement pour tous ces migrants de la ville qui atterrissent en campagne avec des idéaux écologiques plein la tête : c’est pour eux sans doute la meilleure façon de s’intégrer à leurs nouvelles communautés et de contribuer à leur avenir.