Mont-Carmel : Le lac de l’Est maintenant protégé

Pierre Saillant contemple le lac de l’Est. Photos : Maxime Paradis

Le Kamouraska a maintenant sa première aire protégée. La mise en réserve par décret ministériel du lac de l’Est à Mont-Carmel, première étape qui doit conduire à sa protection définitive au sein d’une réserve de biodiversité, représente aujourd’hui l’aboutissement du travail acharné d’une panoplie d’acteurs locaux et régionaux qui attendaient cette nouvelle avec impatience depuis plus de dix ans.

« C’est un des derniers grands massifs de forêt publique qu’on pouvait encore protéger dans le sud du Québec », a dit d’emblée Patrick Morin, directeur général du Conseil régional de l’environnement du Bas-Saint-Laurent (CREBSL).

Le lac de l’Est est membre du club sélect des sept merveilles du Bas-Saint-Laurent, nom donné en 2022 par la Société pour la nature et les parcs (SNAP Québec) et le CREBSL à sept territoires bas-laurentiens d’exception, riches en biodiversité et en potentiel récréotouristique.

Depuis décembre 2020, trois de ces sept merveilles avaient décroché le statut de territoires protégés. Quatre d’entre elles, dont le lac de l’Est de Mont-Carmel attendaient toujours ce qui vient tout juste d’être officialisé par le gouvernement du Québec.

« C’est un gros projet qu’on travaille avec plusieurs acteurs du milieu depuis plus de dix ans. C’est gros ce qui vient de se passer, et c’est précieux pour le Kamouraska », a ajouté Patrick Morin.

Territoire d’intérêt

Le lac de l’Est avait été ciblé en 2013 comme territoire à protéger par l’ancienne Conférence régionale des élus (CRÉ), au même titre que les six autres merveilles, aujourd’hui toutes protégées.

Sa sélection à l’échelle régionale comme territoire d’intérêt était basée, entre autres, sur le fait que son paysage forestier est préservé en majeure partie dans son pourtour, que le secteur est déjà reconnu pour le récréotourisme et la villégiature, et que le plan d’eau, actuellement à un stade oligotrophe, est à une étape relativement jeune de son cycle de vieillissement, ce qu’une aire protégée aiderait à maintenir.

Le territoire initialement visé faisait une superficie de 96 km2. Une zone à fort potentiel éolien située au sud-est du lac de l’Est, et qui allait se retrouver dans la réserve de biodiversité, a depuis été retirée du projet par résolution de la Municipalité de Mont-Carmel et de la MRC de Kamouraska.

Selon Pierre Saillant, maire de Mont-Carmel, les élus auraient eu l’assurance des développeurs éoliens intéressés par cette portion qu’elle serait redonnée pour être annexée à la réserve de biodiversité, advenant qu’elle n’accueille pas d’éoliennes dans le cadre d’un éventuel projet.

Ainsi, la superficie finale protégée par décret est donc de 64,4 km2. Elle inclut le lac de l’Est et son pourtour, mais elle exclut les zones de villégiature, le camping et les zones d’exploitation acéricole, ce qui sur une carte lui donne l’apparence d’un gruyère.

En étant « mis en réserve », le territoire se retrouve en quelque sorte « gelé ». Toutes les activités industrielles d’exploitation ou d’exploration forestière, minière ou encore éolienne sont suspendues, « bien que rien de tout cela ne se soit déroulé sur ce territoire depuis dix ans », assure Émilie Dupont, présidente de la Corporation de développement de Mont-Carmel, organisation responsable de la gestion des coupes forestières réalisées sur les terres publiques situées à proximité.

Usages possibles

La chasse, la pêche, le piégeage, l’accès et la circulation de véhicules motorisés, comme des quads, motoneiges ou bateaux à moteur, sont au nombre des usages permis dans une réserve de biodiversité. Les activités pratiquées normalement sur le territoire des ZEC, des pourvoiries, ou encore des réserves fauniques sont également autorisées. La randonnée pédestre peut aussi y être pratiquée.

Le maire de Mont-Carmel voit toutes ces activités d’un bon œil pour attirer des touristes dans cette partie du Haut-Pays de Kamouraska. La Municipalité prévoit déjà mettre à niveau les installations du camping, fermé depuis l’an dernier, en leur donnant une vocation quatre saisons.

Un groupe de promoteurs privés envisage quant à lui de bâtir une auberge de neuf chambres avec restaurant, bar, terrasse, dépanneur et essence, un projet dévoilé récemment en primeur par Le Placoteux, et qui est évalué entre 2 et 3 M$.

« C’est notre chouchou, le lac de l’Est. La réserve de biodiversité va nous permettre de préserver ce joyau et de le mettre en valeur, tandis que les projets d’infrastructures prévus ces prochaines années seront bénéfiques pour l’accueil des visiteurs », s’est exclamé le maire Pierre Saillant.

Gestion à déterminer

D’autres étapes restent toutefois à compléter avant que le lac de l’Est n’obtienne officiellement son statut de réserve de biodiversité.

Une délimitation finale des aires protégées, les secteurs à mettre en valeur et les modalités de gestion devront être établis prochainement par les intervenants régionaux et locaux.

La Corporation de développement de Mont-Carmel espère toujours obtenir ce mandat de gestion. « On n’a toujours pas abandonné l’idée d’articuler la gestion de la réserve de biodiversité avec notre aire de forêt de proximité. Pour nous, cette gestion va de pair avec une vision de développement cohérente du territoire », conclut Émilie Dupont.

Pierre Saillant contemple le lac de l’Est. Photos : Maxime Paradis
Outardes sur le lac de l’Est. Photo : Maxime Paradis
Carte de la zone « mise en réserve ».