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La CAQ a perdu 11 % d’appui dans Côte-du-Sud

Alors que tous les observateurs politiques prévoyaient une lutte serrée entre le Parti Québécois et la Coalition avenir Québec à l’élection partielle de Jean-Talon, force est de constater que la formation dirigée par François Legault a littéralement « mangé une volée » dans la région de la Capitale-Nationale.

En effet, les résultats du 2 octobre dernier sont sans équivoque puisque le candidat péquiste, Pascal Paradis, a aisément remporté la victoire avec 44,06 % des voix exprimées, soit 11 307 votes, et ce, avec une avance de près de 23 % sur la candidate caquiste, Marie-Anik Shoiry qui, elle, est arrivée deuxième avec 5474 votes (21,33 %).

Notons qu’il s’agit d’une des rares victoires du Parti Québécois dans une élection partielle depuis 2010, alors qu’André Simard, maintenant maire de Saint-Roch-des-Aulnaies, avait remporté de justesse le défunt comté de Kamouraska-Témiscouata. Dans Jean-Talon, il s’agit là d’une première rebuffade palpable pour la CAQ depuis qu’elle a pris le pouvoir en 2018.

Un message clair

Ce n’est pas par hasard si François Legault a déployé l’artillerie lourde pour venir en aide à sa candidate dans l’élection partielle de Jean-Talon, avec la participation de ses députés élus et du personnel politique du parti.

Avec 34 % d’appui au Québec dans les derniers sondages nationaux, alors que la CAQ a été réélue l’an dernier avec 41 % des voix, et ne récoltant désormais que 23 % des intentions de vote dans la région de la Capitale-Nationale, François Legault avait l’obligation de bien performer. Au pire, il pouvait se permettre de perdre de façon serrée face au PQ dans cette partielle afin de freiner, voire d’arrêter cette tendance à la baisse.

En début de soirée, il a rapidement été clair que c’était la débandade du côté caquiste, alors que chez les péquistes, cette victoire écrasante était fortement au-delà des attentes, avec en plus un taux de participation pour une partielle de 55,21 %!

Il fallait observer les nombreuses « faces de carême » des députés caquistes présents sur les lieux pour saisir la gravité de la situation. C’était bel et bien la déroute.

L’abandon du troisième lien par François Legault, alors que celui-ci l’avait solennellement promis, et les informations révélées par le candidat péquiste Pascal Paradis indiquant que les hautes instances de la CAQ savaient que ce projet serait abandonné après les élections générales de 2021, malgré les promesses faites à la population durant la campagne électorale, expliquent à mon sens la cinglante défaite des caquistes.

Il ne faut pas oublier que les électeurs de la grande région de Québec ont été les premiers à appuyer la Coalition avenir Québec, issue en partie de l’Action démocratique du Québec.

Avec l’abandon du troisième lien, et les nombreuses raisons non crédibles ayant été mises de l’avant pour justifier cette décision, la CAQ vient ainsi de se faire rappeler amèrement qu’en démocratie, c’est le peuple qui mène, et que lorsque celui-ci est mieux informé, il arrive parfois qu’il sanctionne les menteurs.

Évidemment, le Parti Québécois était contre le projet du troisième lien. Pourtant, c’est cette formation politique qui a remporté la victoire, et non le Parti conservateur d’Éric Duhaime, qui a fait pâle figure avec 6,07 % des voix exprimées, soit 1558 votes, alors que le PCQ était le seul parti souhaitant un nouveau lien entre les deux rives, se prononçant du même souffle ouvertement contre le projet de tramway.

Selon ma lecture, les électeurs ont ainsi décidé d’appuyer massivement le parti étant le plus en mesure de sanctionner la CAQ. Le résultat parle d’ailleurs de lui-même, puisque le PQ a recueilli plus du double des votes de la formation de François Legault.

En baisse dans Côte-du-Sud

Lors des dernières élections générales de 2021, et malgré le dossier du Pavillon de médecine vétérinaire de 100 M$, qui est passé sous le nez de La Pocatière sans que cette dernière soit considérée, Mathieu Rivest de la Coalition avenir Québec a facilement remporté la circonscription de Côte-du-Sud avec 47,7 % des voix exprimées, alors que son principal adversaire, Frédéric Poulin du Parti conservateur du Québec, n’a récolté que 23,4 % des votes.

M. Rivest, fort d’une excellente réputation, notamment pour son rôle joué à la direction du Camp musical Saint-Alexandre, avait même réussi le tour de force de remporter chaque municipalité du comté.

Cependant, la tendance nationale étant actuellement à la baisse pour la formation de François Legault, il appert que, selon le site de projections électorales Québec 125 basé sur les tendances électorales, l’évolution démographique et les sondages politiques, Mathieu Rivest a connu une importante baisse d’appui de 11 % le situant désormais à 37 % des intentions de vote, alors qu’il a naguère remporté la donne avec 47,7 % des voix.

Ceci étant dit, au moment d’écrire ces lignes M. Rivest demeure en première position, car le PCQ récolte 24 % alors que le PQ a presque connu un bond de 10 %, passant de 12,8 % à la dernière générale à 22 % des intentions de vote pour notre circonscription.

Nous sommes bien entendu à trois années des prochaines élections générales au Québec. Par contre, il est évident qu’à la lumière des résultats dans Jean-Talon, la tendance à la baisse de la Coalition avenir Québec a de fortes chances de s’amplifier.

Une crise économique et inflationniste sans précédent, le mensonge du troisième lien, l’usure du pouvoir, la gestion de la crise covidienne, le scandale du système informatique de la SAAQ — qui a coûté près de 500 M$ alors que l’opération devait se faire pour 25 M$ —, la pléthore de contrats sans appel d’offres, donnés de gré à gré par Pierre Fitzgibbon, et j’en passe, combiné à une classe journalistique nationale plus critique s’étant enfin réveillé de son sommeil covidien, voilà ce qui explique l’actuel portrait politique au Québec.

Une chose est certaine, depuis la fin de l’été, la politique est redevenue intéressante au Canada et au Québec en raison, notamment, que les citoyens voient leur pouvoir d’achat fondre comme neige au soleil.

Dans une situation économique où les divertissements sont devenus un luxe, où se procurer une maison est rendu une opération hasardeuse, où l’idéologie des genres devient plus combative en s’opposant de manière plus directe aux valeurs dites traditionnelles, etc., il n’est donc pas ici surprenant qu’on assiste à un réveil de la population qui demande beaucoup mieux à ses élites que des mensonges et de la petite politique partisane faisant fi des intérêts supérieurs du peuple.