Le nouveau maire de Sainte-Anne ouvert à la fusion

Jean-François Pelletier. Photo : Maxime Paradis

Les temps ont changé, même à Sainte-Anne-de-la-Pocatière. La municipalité d’un peu plus de 1500 habitants en périphérie de La Pocatière, ville dont elle s’est séparée en 1960, jongle avec l’idée de « rentrer au bercail ». Encore beaucoup d’eau coulera sous les ponts avant que cette réalité ne se concrétise, mais le nouveau maire Jean-François Pelletier en parle de façon décomplexée, comme aucun de ses prédécesseurs n’a osé le faire auparavant.  

15 novembre. Cette date correspond à la première réunion sur l’étude de regroupement municipal à laquelle participera le nouveau maire de Sainte-Anne-de-la-Pocatière, aux côtés de ses vis-à-vis de Saint-Roch-des-Aulnaies, La Pocatière, Saint-Onésime-d’Ixworth, Saint-Pacôme, Rivière-Ouelle et Saint-Denis-De La Bouteillerie.

Le sujet n’est pas nouveau. Son prédécesseur Rosaire Ouellet, décédé rapidement des suites d’un cancer en juillet dernier, avait déjà impliqué Sainte-Anne-de-la-Pocatière dans le processus d’étude, avec l’aval du conseil municipal auquel Jean-François Pelletier siégeait depuis peu. À la différence de feu Rosaire Ouellet, Jean-François Pelletier est peut-être simplement plus bavard sur la question.

« J’avais voté non en 1999 lors du référendum sur la fusion avec La Pocatière. Le contexte était différent », dit celui qui a également été interrogé par La Presse à ce sujet.

Ce contexte, c’est celui de la pénurie de main-d’œuvre qui fait pourtant plus mal à d’autres municipalités impliquées dans le projet d’étude de regroupement qu’à Sainte-Anne-de-la-Pocatière proprement dite. Les processus administratifs et les redditions de comptes gouvernementales, toujours de plus en plus complexes et nombreux pour les petites administrations municipales fonctionnant avec le minimum de ressources humaines, sont une autre des raisons invoquées.

Anticiper

Quant à Jean-François Pelletier, il préfère se projeter dans l’avenir. S’il reconnaît que sa municipalité fonctionne bien à l’heure actuelle, et qu’elle pourrait continuer de faire cavalier seul encore un moment en s’acquittant d’une simple facture en prêt de services à La Pocatière, il voit aussi les avantages en matière de développement économique que pourrait représenter une nouvelle ville de plus de 10 000 habitants.

« Nous sommes toutes en compétition [les municipalités] pour attirer les mêmes entreprises, les mêmes citoyens, alors que nous ne sommes plus dans un contexte où nous pouvons nous le permettre. En se regroupant, c’est comme si on mettait en commun les atouts de chacune d’entre nous », dit-il.

Sa position rejoint essentiellement celle du maire de La Pocatière Vincent Bérubé, qui a réussi à regrouper autour de la table les sept municipalités du Kamouraska et de L’Islet qui constituent aujourd’hui le noyau de cette étude, après l’échec l’année précédente d’une démarche pratiquement similaire, mais qui était orientée vers la coopération municipale.

À l’époque, le mot fusion semblait encore faire peur, de sorte que diverses contorsions intellectuelles semblaient avoir été employées afin éviter que la démarche ne soit une étude de regroupement en bonne et due forme. Aucun consultant n’avait d’ailleurs voulu soumissionner pour obtenir le mandat, malgré deux appels d’offres, comme s’ils avaient su déceler le panier de crabes.

Jean-François Pelletier n’était toujours pas élu à cette époque, et il n’a visiblement pas envie de regarder dans le passé, sinon pour s’en inspirer. Jadis administrateur chez Groupe Dynaco et à la Caisse Desjardins de l’Anse de La Pocatière, il a assisté à la fusion de la première entité devenue Avantis Coopérative, et à celle de la seconde avec les caisses environnantes de La Pocatière.

S’il retient quelque chose de ces expériences, c’est l’importance des explications, de ne pas succomber aux abus de pouvoir, et de résister à la tentation de l’ultracentralisation.

« Si ça se concrétise, il va falloir s’assurer de la représentativité des communautés qui vont constituer la nouvelle ville. Si tout le monde embarque, personne ne doit se sentir isolé. Ce sera l’équilibre à trouver », conclut-il.