Quiconque connaît Gisèle Lebrun de Saint-Roch-des-Aulnaies sait que la dame de 80 ans bien sonnés n’est pas du type à s’asseoir pour regarder le train passer. Déjà fort occupée avec mille et un projets, elle a livré à l’église de sa paroisse, à temps pour l’avent, son troisième village de Noël confectionné entièrement à partir de baguettes à sushi et de pages de magazines.
Gisèle Lebrun a fait de A à Z les 15 bâtiments de ce village de Noël, et les 25 sapins qui accompagnent la crèche de l’église de Saint-Roch-des-Aulnaies, en trois mois. Le tout est bonifié d’un petit village inuit qu’elle a réalisé à partir de boules de styromousse. « Chaque bâtiment m’a demandé au moins 12 heures de travail », explique-t-elle.
Récupératrice dans l’âme, Gisèle Lebrun a réalisé son projet avec des matériaux qui d’ordinaire aboutissent à la poubelle ou à la récupération. Au premier chef, des baguettes à sushi, qui lui étaient envoyées par des connaissances de Montréal chaque fois qu’ils en commandaient.
« Je n’ai pas compté combien il y en avait », avoue-t-elle.
En second lieu, les magazines qui ont servi à créer les sapins devaient avoir au minimum entre 100 et 125 pages. Gisèle Lebrun les a pliés au moins trois fois chacun pour en venir à la forme actuelle des conifères. « Enfant, j’utilisais déjà des retailles d’aluminium pour faire des boules de Noël », confie celle qui, de tout temps, a valorisé le recyclage pour ses projets d’artisanat. « J’ai déjà réutilisé une vieille paire de gants en cuir pour reproduire l’attelage d’un cheval relié à une carriole », poursuit-elle.
Travailler en miniature
Rameaux, villages de Noël ou autres décorations, Gisèle Lebrun l’avoue d’emblée, elle trouve plus noble d’offrir une deuxième vie à des matériaux qui d’ordinaire seraient considérés comme étant en fin de vie, plutôt que d’acheter du neuf pour ses projets d’artisanat. « Des décorations du Dollarama, dans une église? Je trouve que ça n’a pas vraiment sa place. »
En travaillant en miniature, l’octogénaire a développé une dextérité qui fait sûrement l’envie de bien des gens de son âge. À titre d’exemple, les fenêtres de chaque maison du village ont été réalisées avec du papier de soie recouvert d’une colle transparente. Elles ont ensuite été installées une à une, à la pince à sourcils, de la même façon que s’appliquerait un philatéliste à organiser sa collection de timbres-poste.
« Ça demande de la minutie, c’est sûr. Et si ce n’est pas bien fait, il n’est pas question que je m’arrête. »
Troisième village
En été, Gisèle Lebrun entretient seule, et cela depuis de nombreuses années, un jardin floral qui atteint aujourd’hui la taille de 6660 m2. Véritable force de la nature, elle met plus de 15 heures par semaine à faire la pelouse au tracteur et au coupe-bordure. « Il y a également tout le sarclage, et mes fleurs que je démarre en serre! Je me suis dit que j’allais arrêter le jour où je ne serais plus capable de démarrer mon coupe-bordure. »
Durant la saison morte, elle s’applique à ses projets artisanaux, dont plusieurs réalisations sont vendues aux visiteurs qui prolongent la visite des Jardins de Gisèle à la boutique située derrière sa maison. Le village de Noël qu’elle dévoile cette année, qui a exigé trois jours de montage, a ainsi été réalisé en majeure partie l’hiver dernier, après avoir eu la bénédiction du curé de la paroisse. « C’est le troisième village que je réalise pour l’église. J’ai fait le premier il y a 44 ans, quand mon fils devait avoir environ sept ans. Honnêtement, je ne sais pas d’où me viennent toutes ces idées, mais oui, je suis une créative, et un peu hyperactive, comme on dirait aujourd’hui », conclut-elle en riant.