La fin à venir du Publisac partout au Québec force les journaux régionaux (Le Placoteux, L’Oie blanche) à trouver des solutions de remplacement qui s’annoncent beaucoup plus onéreuses. En appui, la Municipalité de L’Islet s’est empressée de soutenir ses deux hebdos dans cette période transitoire, par l’entremise d’une résolution votée à l’unanimité par le conseil municipal. Ailleurs au Québec, d’autres voix s’élèvent afin que perdure l’information dans les médias traditionnels.
La résolution adoptée par le conseil municipal de L’Islet, le 16 janvier dernier, concerne directement les deux hebdos de Kamouraska-L’Islet dont la distribution par Publisac prendra fin dans les prochaines semaines. Par leur vote, les élus donnent leur appui aux démarches de distribution alternative qui seront mises en place par L’Oie blanche et Le Placoteux.
De plus, la Municipalité souhaite que des démarches soient effectuées auprès du député fédéral de la circonscription, Bernard Généreux, afin que celui-ci fasse des représentations auprès de la ministre Mélanie Joly et de Patrimoine Canada. Le but est de créer un programme visant à combler l’écart entre le coût actuel par rapport à leur distribution future, permettant ainsi à toute la population du territoire de continuer à avoir accès aux journaux locaux.
« On aimerait que Patrimoine Canada — ministère ayant la gouvernance de Postes Canada — puisse soutenir les médias régionaux par le biais d’un programme spécial, qu’il s’agisse d’un prix préférentiel ou encore d’une subvention ponctuelle pouvant couvrir les frais excédentaires », a déclaré Germain Pelletier, maire de L’Islet.
Ce dernier a rappelé au passage l’importance de L’Oie blanche et du Placoteux dans la région. Selon lui, les deux hebdos sont parmi les plus importants véhicules publicitaires pour l’ensemble des gens d’affaires du secteur.
Le Placoteux avec Postes Canada
La direction du Placoteux ayant étudié toutes les avenues afin de continuer à rejoindre le plus de lecteurs possible, l’option de distribution retenue sera finalement Postes Canada. Seule ombre au tableau, les tarifs de distribution sont actuellement plus onéreux qu’avec le Publisac. Malgré cela, afin de faire des économies, le format du journal diminuera sa hauteur de deux pouces. L’hebdomadaire de Kamouraska-L’Islet promet néanmoins que son édition papier sera tout aussi étoffée que la précédente, tout en conservant le même tirage qu’avec le Publisac, à 18 500 copies.
« Pour nous, il était très important d’offrir à nos lecteurs et annonceurs un moyen de distribution égal ou supérieur à ce qu’on avait avec le Publisac. En optant pour Postes Canada, nous considérons que tout le monde en sortira gagnant », a déclaré Louis Turbide, directeur du Placoteux.
À L’Oie blanche, on semble se diriger vers une distribution hybride combinant des points de chute en milieu rural et la livraison par Postes Canada pour les plus grands centres, dont Montmagny. « Il y a encore quelques rencontres à avoir concernant nos possibles avenues. Une chose est certaine, nous devrons statuer rapidement », a confié Éric Maltais, directeur général de L’Oie blanche.
Le PQ s’en mêle
Le chef du Parti Québécois (PQ), Paul St-Pierre Plamondon, a quant à lui proposé au gouvernement caquiste un plan décliné en sept mesures réalisables à court terme, dit-on, avec l’objectif de dénouer la crise que traversent les médias d’information de la belle province. Le PQ souhaite ainsi qu’une politique officielle du gouvernement du Québec soit mise en place afin de mettre un frein aux dépenses publicitaires du gouvernement, de ses organismes et des sociétés d’État auprès de toute entreprise refusant de convenir ou de reconduire une entente de redistribution avec les médias.
Le plan implique également d’appliquer le décret gouvernemental de 1994 incitant les organismes gouvernementaux à dépenser 4 % de leur budget publicitaire au sein des médias communautaires, d’adopter une politique d’achat publicitaire dans les médias locaux, de débloquer des fonds pour soutenir la transition de la distribution des hebdos touchés par la fin du Publisac, d’élargir le crédit d’impôt pour soutien à la presse d’information écrite aux journalistes des entreprises médiatiques radio et télévisuelles, et de mettre en place un fonds pour faciliter la conversion des modèles d’affaires et technologiques des entreprises de presse.
En plus, le Parti Québécois souhaite que le gouvernement évalue la faisabilité de modifier le régime fiscal afin d’ajouter des incitatifs aux dépenses publicitaires faites auprès de partenaires québécois, et de limiter la déductibilité d’impôt des publicités achetées par les entreprises lorsque ces dépenses ne sont pas faites auprès de partenaires québécois.
« Il faut impérativement offrir à court terme aux médias une chance de s’adapter, puis faire des changements de fond dans le modèle à moyen terme. C’est la raison pour laquelle nous voulons, entre autres, que le gouvernement donne suite à notre demande répétée de créer un Conseil québécois de la radiodiffusion et des télécommunications. Il faut que le Québec s’approprie le pouvoir de déterminer ses propres orientations en la matière, faute de quoi, nous sommes condamnés à l’intransigeance et à la rigidité du CRTC », a conclu Paul St-Pierre Plamondon.