L’Union des producteurs agricoles (UPA) s’est montrée déçue de l’absence d’aide spécifique au secteur agricole canadien dans le récent budget déposé par la ministre des Finances Chrystia Freeland, malgré des besoins évidents dans la majorité des provinces au pays.
Nathalie Lemieux, présidente de l’UPA Bas-Saint-Laurent et elle-même productrice laitière et acéricole, n’a pas hésité elle non plus à qualifier le budget 2024 de décevant, les entreprises agricoles de notre région subissant les mêmes contrecoups économiques et environnementaux que leurs homologues de partout au Canada. « On ne voit pas du tout d’annonce qui pourrait nous aider à absorber la hausse des taux d’intérêt ni celle du coût des intrants », a résumé Mme Lemieux.
Selon Agriculture et Agroalimentaire Canada, le revenu net total du secteur agricole canadien a chuté de 43,5 % en 2023 et diminuera de 11,5 % cette année. De nombreuses entreprises agricoles de toutes les provinces canadiennes vivent difficilement le contexte économique actuel, qui met en péril non seulement leur pérennité à très court terme, mais aussi la sécurité alimentaire des citoyens.
Rappelons que la dette du secteur agricole canadien est passée de 71,8 G$ en 2012 à 138,9 G$ en 2022, une augmentation de 93,5 %. Les augmentations successives du taux directeur ont donc des répercussions importantes sur la rentabilité des entreprises, chaque hausse de 1 % entraînant, à terme, plus de 1,3 G$ en dépenses d’intérêts.
Étant donné que le soutien agricole au Canada est plus faible que la moyenne de celui de pays comparables, en particulier dans l’adaptation aux changements climatiques, l’absence de mesures budgétaires directement liées à la future Stratégie pour une agriculture durable, lancée en cours d’année, est particulièrement décevante pour le syndicat agricole.
Au Bas-Saint-Laurent
Nathalie Lemieux souligne tout de même quelques points positifs dans le budget. Parmi ceux-ci, la présidente note le maintien d’un plafond de 250 000 $ pour le Programme de paiement anticipé qui soutient les agriculteurs en début de saison.
Diverses mesures fiscales touchant le traitement des gains en capital pourraient aussi affecter certains producteurs agricoles. Selon Nathalie Lemieux, « il faudra vérifier l’impact que ces mesures auront sur les cédants lors de transferts de ferme, impact qui sera différent selon la situation de chaque agriculteur. »
La présidente de l’UPA Bas-Saint-Laurent rappelle que la situation est aussi grave dans notre région que dans toutes les autres, et parfois même un peu plus, en raison de l’éloignement. « Nos données montrent qu’une ferme sur quatre termine son année avec un revenu négatif, souligne-t-elle. Notre éloignement fait que nous avons des enjeux particuliers en ce qui concerne le transport et la mise en marché, et ça affecte les revenus. »
Elle conclut en soulignant le défi que pose l’activité agricole pour la relève, notamment pour l’accessibilité financière. « Je suis inquiète pour l’avenir. L’intérêt est là, mais ce n’est pas tout d’aimer ça, il faut quand même pouvoir se payer un salaire sans être obligé de travailler 100 heures par semaine. » Elle rappelle que les agriculteurs sont là pour nourrir les gens, et que cette fonction primordiale mérite d’être reconnue. « Il faut en faire un projet de société. »