L’agroécologie s’invite au centre-ville de La Pocatière

Étudiants et enseignants du programme TPAH ont implanté une haie brise-vent sous la supervision d’Arbre-Évolution. Photo : Éliane Vincent

Les étudiants du programme Technologie de la production horticole agroenvironnementale (TPHA) de l’Institut de technologie agroalimentaire du Québec (ITAQ) à La Pocatière n’auront plus à parcourir trois kilomètres aller et retour pour mettre en pratique les notions acquises en classe. Les activités maraîchères seront désormais pratiquées à deux pas de l’institution.

Depuis qu’on n’y joue plus au football, le grand terrain à l’est de la Ferme-école Lapokita faisait de l’œil aux gens de l’ITAQ. Ce grand terrain, stratégiquement situé à proximité des autres bâtiments du campus, est apparu comme l’endroit idéal pour réaliser les travaux pratiques du programme TPHA, qui se font actuellement au boisé Beaupré. Y déplacer les étudiants et la machinerie à chaque cours était de moins en moins justifiable, en temps, mais aussi dans le contexte énergétique et environnemental actuel.

Le programme avait depuis peu remanié son orientation, avec un profil en production horticole spécialisée, et un autre en agroécologie. La parcelle en friche allait permettre d’appliquer les principes de ces deux disciplines. On connaît mieux la production horticole, biologique ou non, et elle occupera une belle part de l’espace disponible. L’agroécologie, quant à elle, s’impose de plus en plus dans les paysages québécois. Frédéric Lebel, chef d’équipe du programme TPHA et enseignant, résume ainsi cette discipline : « J’aime dire que c’est de minimiser les intrants, qui proviennent de l’extérieur de l’entreprise, et de maximiser la biodiversité pour profiter des avantages offerts par les interactions entre les cultures.

En plus des potagers et des cultures en tunnels, on trouvera donc dans cet aménagement des arbres d’essences variées, des arbres et arbustes fruitiers, noyers et noisetiers, éventuellement des champignons, pour créer à terme un véritable écosystème nourricier en plein cœur de la ville de La Pocatière. « Pour la visibilité du programme, c’est super gagnant, a souligné Hugo Morin, directeur des ressources matérielles, opérations et technologies de l’information. L’effet wow pourrait attirer de la clientèle pour notre école, et la Ville elle-même s’est montrée enchantée. »

Premier pas

Le 10 mai dernier, le premier pas a été fait pour concrétiser le projet. Un groupe d’étudiants et enseignants se sont portés volontaires pour implanter une haie brise-vent du côté du Carrefour La Pocatière, sous la supervision d’Arbre-Évolution de L’Islet, qui fournissait les végétaux et les pelles en plus de guider les planteurs.

C’est le premier mouvement d’un projet qui se déroulera en plusieurs phases. « Il y a beaucoup d’étapes à franchir, explique Frédéric Lebel. Il faut implanter les arbres, créer les espaces maraîchers conventionnels ou en intercalaire avec les fruitiers, puis une parcelle de cultures sous couvert forestier, les vergers, et plus tard, des tunnels et une serre froide, pour étirer la période de culture jusqu’au début de l’hiver. » Ces étapes nourriront des projets concrets pour les étudiants, en partenariat avec le campus de Saint-Hyacinthe, qui a déjà un projet similaire en cours.

Les premières activités maraîchères pourraient avoir lieu dès l’automne 2024, et l’implantation des végétaux devrait être complétée en 2025. Hugo Morin se réjouit que cet ancien terrain de football retrouve sa vocation. « Étant une école d’agriculture, on rend au terrain sa pleine valeur », conclut-il.

Le budget global du projet, incluant les infrastructures, oscille autour du demi-million de dollars, un investissement qui, selon les responsables, contribuera durablement au bien-être de tous les citoyens, puisque l’espace nourricier sera ouvert au public dès sa création.

Les arbres ont été sélectionnés pour minimiser les impacts sur les commerces du cours Painchaud, voisin du terrain choisi. Photo : Éliane Vincent
Les responsables du projet pour l’ITAQ et les représentants d’Arbre-Évolution. Photo : Éliane Vincent