À la suite de l’annonce d’une révision à la hausse du déficit de 1,2 milliard $ pour l’année 2023-2024, le Parti conservateur du Québec demande à François Legault de remanier son conseil des ministres et d’écarter Éric Girard, puisque celui-ci manquerait de transparence et multiplierait les mauvaises prédictions financières. Localement, Mathieu Rivest a défendu son gouvernement.
Les résultats préliminaires présentés récemment dans le Rapport sur la situation financière du Québec indiquent en effet que le Québec a enregistré un déficit budgétaire de 7,5 milliards de dollars (soit 1,3 % du PIB) pour l’ensemble de l’exercice financier 2023-2024, ce qui représente une révision à la hausse de 1,2 milliard de dollars par rapport au déficit de 6,3 milliards $ prévu en mars 2024.
« Le ministre a visiblement tenté d’en dissimuler une aux Québécois, puisqu’il en a fait l’annonce un vendredi en fin de journée, révélant du même souffle son incompétence. Depuis le début de son mandat à titre de ministre des Finances, Éric Girard s’est trompé à maintes reprises dans ses prévisions budgétaires. En novembre 2023, il prévoyait un déficit pour 2023-2024 de 4 milliards $; en mars 2024, on était rendu à 6,3 milliards $, et vendredi dernier, on est monté à 7,5 milliards $, soit une erreur de 190 % en seulement huit mois », a déclaré Éric Duhaime.
Les raisons invoquées par Québec
Selon Québec, c’est l’incertitude économique qui a entraîné une révision du solde budgétaire, ce qui a provoqué une baisse de 1,1 milliard de dollars des revenus autonomes. Cette baisse résulterait aussi d’une diminution de 594 millions de dollars de l’impôt des particuliers, due principalement à l’évolution moins favorable des gains en capital et des revenus des particuliers en affaires, constatée à la suite du traitement des déclarations de revenus de l’année d’imposition 2023.
Les dépenses ont aussi progressé plus rapidement que les revenus, affichant une croissance de 2,2 %, cette évolution étant attribuable en grande partie aux dépenses des portefeuilles (2,5 %), notamment celles de la santé et des services sociaux, de la famille, et de l’enseignement supérieur.
« La stagnation de l’activité économique au Québec, en partie attribuable à des facteurs temporaires tels que les conditions météorologiques difficiles, les importants feux de forêt, et les grèves dans les secteurs public et parapublic, ainsi que la baisse des deux premiers taux d’imposition sur le revenu des particuliers, annoncée dans le budget 2023-2024 pour améliorer le revenu disponible des Québécois, ont eu pour effet de modérer la croissance des revenus autonomes », a déclaré Éric Girard, ministre des Finances.
Contacté par Le Placoteux à ce sujet, le député de Côte-du-Sud Mathieu Rivest croit, à l’instar de son collègue aux finances, que l’actuelle situation budgétaire du Québec est temporaire. « La situation financière constatée dans ce rapport reflète en partie le contexte de stagnation économique dans lequel le Québec évolue depuis un certain temps. La hausse du déficit ne remet toutefois pas en question le plan de notre gouvernement pour retourner à l’équilibre budgétaire au plus tard en 2029-2030. Nous sommes au travail depuis mars dernier pour optimiser l’action de l’État, et nous poursuivons l’examen de l’ensemble des dépenses gouvernementales afin d’identifier des sources d’économies », a-t-il expliqué, en rappelant au passage que la situation économique dans la circonscription était bonne.
Éric Duhaime a des doutes
Le chef conservateur a émis quant à lui des doutes concernant les prévisions d’Éric Girard : « Peut-on vraiment croire le ministre sur son déficit record de 11 milliards annoncé pour cette année, alors qu’il s’était trompé de 366 % en seulement quatre ou cinq mois? Aurait-il dû nous annoncer, lors du budget, un déficit record pour cette année de 13 milliards et plus? »
Selon les agences de crédit, si le Québec veut garder sa cote de crédit, le gouvernement doit reprendre le contrôle de ses dépenses. Tel que noté dans La Presse : « L’agence S&P dit s’attendre à ce que le gouvernement remédie rapidement aux problèmes budgétaires, et migre progressivement vers des déficits modestes à la faveur d’une reprise économique, et malgré les tentations électoralistes des prochaines élections. »
« Nous redemandons au premier ministre de remanier son conseil des ministres au plus vite, afin d’enlever ce maillon faible avant qu’il ne cause plus de dommages à nos finances publiques et à la crédibilité financière de l’État du Québec », a conclu Éric Duhaime.