Corridors fauniques : une initiative pour la biodiversité au Kamouraska

Antoine Plourde-Rouleau. Photo: Marc Larouche

Dans la plaine agricole du Kamouraska, un projet innovant vise à restaurer les habitats naturels et à renforcer la biodiversité. Des corridors fauniques permettent aux espèces locales de retrouver des habitats vitaux au cœur des zones agricoles.

« Notre projet, réalisé en partenariat avec le Conseil agricole de la Côte-du-Sud, a pour but de rétablir la connectivité dans la plaine agricole du Kamouraska, une région où les îlots boisés résiduels sont devenus rares », explique Antoine Plourde-Rouleau de l’Organisme de bassins versants de Kamouraska, L’Islet et Rivière-du-Loup (OBAKIR),

La plaine située le long du littoral est une vaste étendue relativement plate, où les habitats naturels sont de plus en plus fragmentés. Cette fragmentation menace les espèces qui dépendent de ces milieux pour leur survie.

Les corridors fauniques créés par Obakir sont des aménagements qui permettent de relier les îlots boisés entre eux. Ces corridors, qui prennent la forme de bandes riveraines élargies ou de brise-vent, agissent comme des « pas japonais » dans le paysage agricole, permettant aux espèces de se déplacer plus facilement. « Les oiseaux, les pollinisateurs et d’autres espèces peuvent ainsi passer d’un îlot boisé à un autre, trouvant en chemin des habitats où s’alimenter, se reproduire et s’abriter », précise Antoine Plourde-Rouleau.

Ce projet a été mis en œuvre dans plusieurs localités de la région, notamment à La Pocatière, Rivière-Ouelle et Saint-André-de-Kamouraska. « Nous avons travaillé avec plusieurs producteurs locaux pour implanter ces corridors », explique M. Plourde-Rouleau. À Rivière-Ouelle par exemple, les aménagements ont été réalisés sur les terres de la tourbière Lambert, un lieu particulièrement propice à ce type de restauration écologique.

L’initiative d’Obakir s’inscrit dans un contexte où les habitats marginaux disparaissent progressivement des paysages agricoles. « Au fil du temps, nous avons éliminé les arbres et les arbustes en bordure des champs pour diverses raisons, comme le drainage souterrain, ou pour éviter que les branches n’endommagent les équipements agricoles », déplore-t-il, précisant que cette approche a eu des conséquences néfastes pour la biodiversité. « En éliminant ces habitats marginaux, les espèces animales qui dépendent de ces milieux ont vu leur population décliner. »

L’importance de ces habitats pour les espèces locales est pourtant cruciale. « Les oiseaux, par exemple, jouent un rôle écologique essentiel en consommant des insectes ravageurs, ce qui peut réduire naturellement la pression des parasites sur les cultures. En rétablissant ces habitats, nous contribuons à maintenir des populations d’espèces bénéfiques à l’écosystème agricole », conclut Antoine Plourde-Rouleau.

Des résultats prometteurs

Bien que les aménagements soient relativement récents, les premiers résultats sont prometteurs. « Nous n’avons pas encore effectué de suivi précis sur la fréquentation des espèces, mais les installations se portent bien, avec de bons taux de survie des plantations. ». Ces signes encourageants laissent supposer que les corridors fauniques jouent déjà leur rôle dans le rétablissement de la biodiversité locale.