Publicité

Terres en fuite au Bas-Saint-Laurent

En 20 ans, la région a connu une augmentation de 57 km² de surfaces artificielles. Photo : Tama66, Pixabay

Le Bas-Saint-Laurent a vu ses terres se transformer de manière significative au cours des dernières décennies. Selon L’Institut de la statistique du Québec, entre 1990 et 2010, la région a connu une augmentation de 57 km² de surfaces artificielles, soit une hausse de 16,3 %.

Ces surfaces artificielles, ce sont des infrastructures telles que des routes, des zones industrielles, commerciales et résidentielles, qui sont créées en transformant des terres naturelles ou agricoles en milieux aménagés pour répondre aux besoins humains. Ce phénomène, connu sous le nom d’artificialisation des terres, a des répercussions importantes sur la disponibilité des ressources agricoles et sur la biodiversité de la région.

Une perte continue des terres agricoles

L’un des éléments les plus marquants dans l’évolution des terres du Bas-Saint-Laurent est la perte massive de terres agricoles. De 1990 à 2010, la région a perdu 247 km² de terres agricoles, un déclin de 10,5 %. La majorité de ces pertes est attribuable à un phénomène d’enfrichement, où les terres autrefois cultivées retournent à l’état de forêt en raison de l’abandon progressif des activités agricoles.

L’analyse statistique mentionne que cette perte des terres agricoles pourrait avoir des conséquences économiques et sociales importantes pour la région. Le Bas-Saint-Laurent est traditionnellement une région agricole, avec des secteurs forts comme la production laitière et le pâturage. Avec la diminution des terres agricoles disponibles, ces industries pourraient être menacées à long terme, entraînant une baisse de la production locale et une dépendance accrue aux importations alimentaires. De plus, cette transition pourrait affecter les emplois liés à l’agriculture et à l’agroalimentaire, des secteurs qui jouent un rôle clé dans l’économie régionale.

Des milieux naturels en équilibre précaire

En parallèle, bien que les forêts aient regagné du terrain grâce à l’enfrichement, elles subissent également des pressions. L’augmentation des surfaces artificielles a empiété sur 41 km² de milieux naturels — notamment des forêts et des zones humides — entre 1990 et 2010. La stabilité relative de ces milieux naturels masque toutefois une réalité plus complexe : l’artificialisation, même si elle semble ralentir, pourrait reprendre à mesure que les besoins en infrastructures continuent de croître dans la région.

Si les tendances actuelles persistent, le Bas-Saint-Laurent pourrait continuer de perdre des terres agricoles au profit de la forêt ou de nouvelles infrastructures. L’enfrichement, qui est un signe de l’abandon des activités agricoles, pourrait s’accélérer, entraînant une modification permanente du paysage rural.

Pour contrer cette tendance, des politiques de revitalisation agricole et de protection des terres cultivables pourraient être nécessaires. À défaut d’interventions, la région risque de se retrouver avec des terres de moins en moins exploitables, et une dépendance croissante aux importations alimentaires pour soutenir la population locale.

Pour Nathalie Lemieux, présidente de la Fédération de l’UPA du Bas-Saint-Laurent, chaque perte en superficie agricole demeure préoccupante. « Ces données expliquent pourquoi nous portons une attention particulière à la révision de la Loi sur la protection du territoire et des activités agricoles afin qu’elle ait plus de mordant. Quant au reboisement de terres agricoles, il faut des programmes d’aide financière concrets pour l’éviter. » Mme Lemieux cite l’exemple de la MRC de Témiscouata qui est proactive avec son programme de remise en culture des terres agricoles dévalorisées. « Des résultats probants peuvent déjà être observés. »