Dans la salle du conseil de Ville de La Pocatière, les sourires, bien que sincères, sont forcés. Parce que l’heure est grave. Les dignitaires partagent l’espace avec des gens dont la qualité de vie a été transformée par l’organisme Kam-Aide. Aujourd’hui, après 30 ans à soutenir les communautés régionales, c’est l’organisme lui-même qui lance un appel à l’aide.
« C’est une situation sans précédent pour nous. Le 29 mars, la rivière Saint-Jean a emporté une partie du terrain jouxtant nos locaux. Le mur de soutènement près de notre bâtiment s’est effondré, entraînant des dommages de plus de 220 000 $. Les travaux ont dû être réalisés d’urgence, mais nous n’avons pas les moyens de couvrir la facture », explique Louise Fortin, directrice générale de Kam-Aide.
L’organisme à but non lucratif — un pilier pour les aînés, les personnes vivant avec des limitations, et leurs proches aidants — se retrouve aujourd’hui face à un dilemme : trouver les fonds nécessaires ou fermer ses portes. Cette fermeture aurait des répercussions dévastatrices. « Ce sont 636 usagers qui perdraient des services vitaux, et une quarantaine de personnes qui perdraient leur emploi. Ce serait un coup dur pour notre communauté », ajoute Mme Fortin.
Pour répondre à cette crise, Kam-Aide a lancé une campagne de sociofinancement qui se déroulera jusqu’au 2 février 2025, via la plateforme Zeffy. Chaque dollar compte pour atteindre l’objectif de 220 000 $, et garantir la pérennité des services. « Nous espérons que la solidarité de notre région permettra de surmonter cette épreuve. Kam-Aide, c’est un morceau de notre communauté », insiste Mme Fortin.
Le député de Côte-du-Sud Mathieu Rivest a déjà contribué pour 5000 $, et dit travailler afin de pouvoir faire encore plus, conscient de l’importance de l’organisme et des conséquences de sa fermeture dans la communauté.
Malgré cette épreuve, l’organisme continue de servir sa clientèle. Les équipes poursuivent leur mission quotidienne : aide domestique, soutien psychosocial, répit pour les proches aidants, et plus. « Tant que nous pourrons, nous serons là. C’est notre promesse », conclut Mme Fortin, pleine d’espoir.
Pour contribuer à cette campagne et soutenir Kam-Aide, vous pouvez vous rendre sur la plateforme Zeffy ou visiter le kamaide.com.
Redonner l’espoir
« Sans eux, je ne serais plus ici, dans mon chez-moi, entourée de ce qui fait mon quotidien. Kam-Aide, c’est plus qu’un service, c’est un ancrage », confie Kaqueline Quirion. En fauteuil roulant en raison d’une maladie auto-immune rare qui affaiblit progressivement ses muscles, elle dépend des services de Kam-Aide pour continuer à vivre dans son appartement.
Isabelle Dumais, sa préposée principale depuis quatre ans, lui offre un muffin avec un sourire complice. « On se connaît par cœur », dit Kaqueline en croisant son regard, teinté d’émotion. Isabelle confirme en hochant la tête : « Ce n’est pas juste un travail, c’est une relation humaine, un lien précieux qui se construit jour après jour. »
Chaque semaine, Isabelle aide la femme de 57 ans à accomplir une foule de tâches essentielles. « Elle fait mes courses, prépare mes repas, s’occupe du ménage, mais ça va bien au-delà. Elle m’aide aussi à décorer mon sapin de Noël, à emballer mes cadeaux. C’est une présence qui illumine mes journées. »
Les deux femmes se connaissent tellement par cœur que c’est Isabelle qui, la première, a remarqué un affaissement musculaire dans les mollets de Kaqueline. « Elle m’a permis d’agir rapidement et d’obtenir un diagnostic essentiel. ». Cette vigilance constante, ancrée dans leur complicité, démontre l’impact unique des services de Kam-Aide.
« Souvent, les gens que je visite sont isolés. Je suis parfois leur seul contact dans la journée. Être là pour eux, c’est leur redonner un peu de chaleur et de dignité », raconte Isabelle qui travaille pour Kam-Aide depuis quatre ans.
Des vies transformées
Jean-François Pelletier, dont la mère a bénéficié des services de Kam-Aide, affirme que sans l’organisme, elle n’aurait jamais pu rester chez elle jusqu’à la fin. « Ils se sont adaptés à ses besoins, à chaque étape. C’est grâce à eux que nous avons pu l’accompagner dans son environnement familier. »
Le maire de La Pocatière Vincent Bérubé a rappelé l’importance cruciale de Kam-Aide pour la communauté. « Cet organisme est un pilier de notre tissu social. Perdre ses services serait une tragédie. Nous devons nous mobiliser pour assurer sa pérennité. »
Pour Kaqueline Quirion, la seule idée de perdre ce soutien est inimaginable. « Après avoir passé deux ans et demi en CHSLD, retrouver mon autonomie n’aurait pas été possible sans eux. Nous devons nous serrer les coudes. Kam-Aide n’est pas qu’un service, c’est un souffle de vie pour des centaines de personnes comme moi », conclut Kaqueline.