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La vraie question derrière le lien entre climat et incendies

Le réchauffement climatique n’allume pas les feux, mais les alimente. Photo : Ross Stone, Unsplash

Une façon d’expliquer le lien entre le réchauffement climatique et les incendies récents en Californie est que le réchauffement ne cause pas ces incendies, mais qu’il les suralimente.

Comme le rappelle le professeur en sciences de l’atmosphère Andrew Gressler, de l’Université A&M du Texas, les incendies qui ont frappé la région de Los Angeles en janvier ont eu besoin d’une séquence de trois événements : une période de précipitations hors de l’ordinaire à l’hiver 2024, qui a accéléré la croissance de la végétation, suivie d’une période de sécheresse prolongée et de températures élevées l’été suivant, qui a transformé cette végétation plus abondante en une bombe à retardement. Enfin, les forts vents de janvier 2025 ont rendu le feu incontrôlable.

Les sécheresses n’ont donc pas été causées par le réchauffement climatique. Mais celui-ci les « surcharge », ou les « suralimente ». De la même façon, compare Gressler, que le réchauffement « surcharge les canicules et les ouragans ».

Une étude américaine récente conclut que le réchauffement climatique a augmenté de 31 à 66 %, depuis le milieu du 20e siècle, la variabilité des conditions météorologiques, ce qui augmente le risque de situations comme celles décrites plus haut : des périodes de pluie plus intenses, suivies de périodes de sécheresse plus intenses.

Dans le cas spécifique de la Californie, d’autres facteurs interviennent, comme la croissance urbaine dans ces territoires « à risque », qui augmente considérablement la probabilité que, tôt ou tard, un incident déclenche un feu. Ou comme la gestion des forêts depuis un siècle, qui en laissant davantage de matériel organique dans les forêts et les sous-bois fournit davantage de combustible.

Ce sont ces facteurs « autres » que les climatosceptiques invoquent systématiquement pour prétendre que le réchauffement climatique n’est pas en cause — oubliant du même coup que dans le Nord canadien ou en Alaska, les dernières années ont également vu un accroissement des feux de forêt, là où il n’y a pourtant pas de croissance urbaine.

Quels impacts?

Gressler souligne que « la vraie question scientifique n’est pas de savoir si les changements climatiques ont eu une influence sur les feux. Ils en ont évidemment eu une. La vraie question est plutôt de quantifier cet impact : de combien les changements climatiques augmentent-ils l’intensité ou la probabilité de tel ou tel événement précis? » C’est là la question sur laquelle travaillent des milliers de scientifiques depuis des années — qu’il s’agisse de quantifier les risques accrus de feux, d’inondations ou d’ouragans.

Source : Agence Science-Presse