Le premier ministre du Québec a livré une déclaration solennelle au Salon rouge de l’Assemblée nationale, dénonçant la menace tarifaire qui pèse sur l’économie québécoise. Alors que l’administration Trump brandit la possibilité d’imposer des tarifs sur les exportations canadiennes, François Legault appelle à une mobilisation collective pour protéger les emplois, et réduire la dépendance du Québec aux États-Unis.
« On fait face à une attaque économique brutale », a-t-il affirmé en s’adressant aux élus et à la population québécoise. C’est que la menace de tarifs, bien que reportée, plane toujours, et met en péril plusieurs secteurs clés de l’économie québécoise. Le premier ministre rappelle que les États-Unis constituent le principal marché du Québec, avec 71 % des exportations destinées à ce pays. Une telle dépendance, bien qu’avantageuse dans un contexte stable, devient une faiblesse lorsque l’incertitude s’installe.
Si Washington va de l’avant avec des tarifs pouvant atteindre 25 %, certaines industries comme la foresterie, la transformation de l’aluminium, et l’agroalimentaire risquent d’être frappées de plein fouet. « Je répète qu’on doit commencer à renégocier notre entente de libre-échange avec les États-Unis au plus tôt, pas attendre la révision prévue en 2026. Plus vite on mettra fin à l’incertitude, mieux ce sera », a-t-il dit, précisant que l’économie, ce n’est pas anodin.
« C’est l’économie qui nous permet de financer la santé, l’éducation, la culture, et toutes les autres responsabilités de l’État. L’économie, la création de richesse, ce n’est pas un but en soi, mais c’est ce qui nous permet d’avoir les moyens de nos ambitions. »
François Legault insiste sur la nécessité de réagir avec intelligence. Si des contre-tarifs « dollar pour dollar » peuvent sembler une réponse logique, il met en garde contre une approche trop rigide qui pourrait nuire aux entreprises québécoises elles-mêmes. Plusieurs compagnies importent des matières premières des États-Unis, essentielles à la fabrication de leurs produits. Imposer des tarifs sur ces intrants ne ferait qu’aggraver la situation.
Un repositionnement économique nécessaire
Au-delà des mesures immédiates pour soutenir les entreprises affectées, François Legault souhaite amorcer un virage économique de fond. Selon lui, le Québec doit d’abord renforcer son propre marché intérieur en misant sur la consommation locale. Encourager l’achat de produits québécois, tant par les citoyens que par les entreprises et le gouvernement, est une des solutions les plus efficaces pour protéger les emplois.
Parallèlement, il estime que le Québec doit intensifier ses échanges avec le reste du Canada, son deuxième marché d’exportation. Il évoque ainsi la nécessité de mieux intégrer le commerce interprovincial, et d’assurer un meilleur accès des produits québécois aux marchés des autres provinces. Selon lui, cette approche doit s’accompagner d’un travail de longue haleine pour diversifier les débouchés internationaux, et ainsi réduire la dépendance aux États-Unis.
L’hydroélectricité, piste de solution
Pour François Legault, cette transition passe par une redéfinition des secteurs stratégiques du Québec comme l’aérospatiale, l’intelligence artificielle, l’informatique et les minéraux critiques comme des domaines dans lesquels le Québec peut se démarquer à l’international. Il mise aussi sur l’énergie renouvelable comme moteur de développement, insistant sur l’importance d’Hydro-Québec dans cette nouvelle dynamique.
François Legault voit en Hydro-Québec un levier économique essentiel pour l’avenir du Québec. Il rappelle que la société d’État est en pleine transformation, et prévoit doubler sa capacité de production grâce à un ambitieux plan de développement. Un projet qui, selon lui, représente le plus grand chantier de l’histoire du Québec.
En décembre, une entente avec Terre-Neuve a été conclue, permettant au Québec d’économiser 200 milliards $ d’ici 2085. Cette entente s’inscrit dans une vision à long terme visant à garantir un approvisionnement énergétique stable et à faible coût. En parallèle, plusieurs projets éoliens et hydroélectriques sont en cours dans différentes régions du Québec, notamment au Saguenay–Lac-Saint-Jean et sur la Côte-Nord, où des partenariats avec les nations autochtones ont été établis.
Le premier ministre estime que cette transformation énergétique s’accompagnera d’un double impact économique : d’abord, la construction des infrastructures générera des emplois à court terme, puis l’accès à une énergie renouvelable et abordable permettra aux entreprises d’être plus compétitives sur le marché mondial.
Un appel à la solidarité
Face à ces défis, François Legault lance un appel à la mobilisation. Il invite tous les députés, entrepreneurs, travailleurs et citoyens à se joindre à cet effort collectif pour redéployer l’économie du Québec. Selon lui, la transition économique est un chantier générationnel qui demandera de la détermination et de la persévérance.
« Le monde est en train de changer. On doit s’adapter, et on doit le faire ensemble », conclut-il. Si l’incertitude demeure, le premier ministre reste convaincu que le Québec possède les ressources et l’ingéniosité nécessaires pour traverser cette période de turbulence, et en sortir renforcé.