La Commission municipale du Québec a ouvert une enquête sur Andrew Caddell, conseiller municipal à Kamouraska et président de la Task Force on Linguistic Policy, à la suite de propos controversés tenus sur Facebook lors d’un échange tendu sur les droits des anglophones au Québec.
Les faits remontent au 31 décembre 2024, lorsque M. Caddell a donné son opinion sur une publication du commentateur politique Nic Payne, qui critiquait le chef du Parti conservateur du Québec Éric Duhaime en le qualifiant d’opportuniste parfois grossier, ce qui incluait ses appels du pied aux Anglos anti-québécois. En réponse, Caddell a défendu les droits des anglophones, suscitant de vives réactions, voire même quelques insultes.
En effet, plusieurs échanges acerbes se sont ensuivis, au cours desquels Caddell aurait employé des termes offensants comme « idiot », « moron » et « bigot », allant jusqu’à écrire « F-k you, asshole » à une tierce personne. « C’est en réponse à leurs insultes. Ils m’ont taxé de raciste, de Rhodésien et de suprémaciste, alors que je ne voulais au préalable qu’argumenter de manière polie sur le droit des Québécois anglophones », dit-il au Placoteux lors d’un bref entretien téléphonique.
Dans une mise en demeure, la Commission affirme détenir des informations démontrant que Caddell aurait enfreint le code d’éthique de Kamouraska. Treize déclarations lui sont reprochées, et il risque désormais une amende pouvant atteindre 4000 $, ou une suspension de ses fonctions pour une période maximale de 90 jours. « L’ironie de la chose est que j’ai œuvré à la mise sur pied du code d’éthique dans ma localité », précise-t-il, en ajoutant que la plainte à son endroit provient d’une personne anonyme.
Malgré tout, Andrew Caddell nie toute violation du code d’éthique en question, et défend du même souffle son droit à la liberté d’expression. Il affirme que ses propos relèvent principalement de sa vie privée, et n’ont aucun lien avec son rôle de conseiller municipal. « Pour ma part, j’assume dans cette histoire une responsabilité en tant que président du groupe de travail, et non pour mon rôle d’élu municipal. Il s’agit de deux fonctions bien distinctes. »
Andrew Caddell a cependant formulé certains remords quant à la façon dont sa colère s’est exprimée lors de cet échange. « Lorsqu’on vous traite d’une certaine manière, et qu’on refuse de voir au-delà des stéréotypes, il est difficile de ne pas en être affecté. J’admets toutefois que mon sang irlandais a pris le dessus dans cette histoire, et que j’aurais dû faire davantage attention, ce que je fais désormais sur les réseaux sociaux », conclut-il en boutade, le rire dans la voix.
La Task Force on Linguistic Policy
La Task Force on Linguistic Policy que préside Caddell est un groupe qui milite en faveur des droits des anglophones au Québec, en particulier contre les lois linguistiques jugées discriminatoires. Le groupe a notamment déposé une contestation constitutionnelle du projet de loi 96, qui a renforcé la Charte de la langue française, communément appelée loi 101. Ce projet de loi a suscité de vives réactions, en particulier au sein des communautés anglophones qui y voient une menace à leurs droits.
Le projet de loi 96 impose des restrictions plus strictes sur l’usage de l’anglais dans les services publics, et limite l’accès à certaines institutions pour les non-francophones. Ses détracteurs estiment qu’il marginalise davantage les anglophones, tandis que ses partisans y voient un moyen nécessaire de protéger la langue française. L’audience publique, dont la date reste à déterminer, devra statuer sur les propos de M. Caddell.
Andrew Caddell. Photo tirée de Facebook