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Pour une période indéterminée : Damabois ferme son usine de Saint-Jean-Port-Joli

Le conflit entre développement économique et protection de la biodiversité s’intensifie au Québec. L’entreprise Damabois a annoncé le 7 mai dernier la fermeture pour une période indéterminée de son usine de Saint-Jean-Port-Joli, une décision qu’elle attribue aux mesures de protection du caribou en vigueur dans la MRC de la Haute-Gaspésie. Il s’agit de la deuxième fermeture dans son réseau en quelques semaines.

Spécialisée dans le planage, le rabotage et le séchage de bois d’œuvre brut, l’usine touchée emploie 11 personnes, qui se retrouvent mises à pied. « Des mesures d’accompagnement seront déployées pour soutenir les travailleurs », a précisé l’entreprise dans un communiqué.

La fermeture de cette installation découle directement de l’arrêt des activités de l’usine Bois Chic-Chocs de Cap-Chat en mars dernier. Selon Damabois, cette première fermeture a fragilisé tout son réseau d’approvisionnement, forçant maintenant l’interruption des opérations à Saint-Jean-Port-Joli.

« Les activités de Damabois sont entièrement intégrées : de la souche aux produits finis, de la récolte des billots en forêt à la commercialisation des produits transformés. Malheureusement, les problèmes d’approvisionnement provoqués par les mesures de protection du caribou sont en train de fragiliser tout notre réseau », déplore Martin Lavoie, président de Damabois.

Un appel pressant à Québec

L’entreprise interpelle directement la ministre des Ressources naturelles et des Forêts, Maïté Blanchette-Vézina, ainsi que le premier ministre François Legault. Elle demande une révision rapide des mesures de protection en vigueur ou, à défaut, la mise en place de compensations pour atténuer les impacts économiques.

Depuis mai 2023, aucune récolte n’est autorisée sur 90 % du territoire d’approvisionnement traditionnel de Damabois, en raison des mesures intérimaires adoptées dès 2019, et du projet pilote de protection du caribou montagnard lancé en avril 2024.

Joint par Le Placoteux, le maire de Saint-Jean-Port-Joli et préfet de la MRC de L’Islet, Normand Caron, s’est dit attristé par les répercussions de cette situation sur sa communauté.

« D’abord, je pense aux travailleurs qui perdent leur emploi. Cette fermeture est un mauvais signal pour l’économie de notre région. Nous déplorons donc les effets collatéraux de cette mesure gouvernementale, qui vise principalement la Haute-Gaspésie, mais qui touche désormais aussi notre MRC », a-t-il déclaré.

Un fleuron menacé

Avec 11 usines au Québec, au Nouveau-Brunswick et dans le nord-est des États-Unis, Damabois emploie environ 240 personnes. L’entreprise est notamment reconnue pour sa production de palettes de manutention — près de trois millions par an, soit une sur trois utilisées au Québec.

« Damabois s’est établie comme un chef de file en transformation du bois et de ses dérivés. Nous sommes un modèle d’intégration et d’innovation. Nous maximisons les retombées économiques derrière chaque mètre cube de bois récolté. C’est tout ce modèle — et les centaines d’emplois de qualité qui en découlent — qui est mis à mal par les décisions du gouvernement du Québec. Nous redoublons d’imagination pour maintenir nos opérations à flot ailleurs dans le réseau, mais, si rien n’est fait, l’effet domino risque de se poursuivre. Il y a urgence d’agir », conclut Martin Lavoie.

L’usine de Saint-Jean-Port-Joli emploie 11 personnes, qui se retrouvent mises à pied. Photo tirée du site internet de Damabois