Les derniers jours de chaleur accablante combinés au manque de pluie mettent les producteurs agricoles du Bas-Saint-Laurent à rude épreuve. Selon Julie Gagnon, première vice-présidente de l’Union des producteurs agricoles (UPA) du Bas-Saint-Laurent, la situation affecte déjà les rendements, la qualité des cultures, et même la production animale.
Le printemps tardif avait déjà retardé les semis. Or, la période actuelle de canicule accélère la maturation, mais pas toujours dans de bonnes conditions. « Les feuilles vont se dessécher, la taille des légumes risque d’être plus petite. Ça affecte directement le rendement, et au bout du compte, le prix », explique Mme Gagnon.
Certaines productions comme le maïs ou les légumes en champ ne peuvent pas être irriguées facilement. « Le maïs a besoin d’eau pour poursuivre sa maturité, sinon on va se retrouver avec de petits épis. Pour les maraîchers, s’ils n’irriguent pas, les légumes vont rapetisser et perdre en qualité », ajoute-t-elle.
Le manque d’eau ne touche pas que les cultures. La nappe phréatique est basse, et les puits — essentiels pour l’abreuvement des animaux et le lavage des installations — voient leur niveau diminuer. « On a besoin d’un juste équilibre entre pluie et chaleur, pas des extrêmes comme on a là. »
Baisse de rendement et adaptations coûteuses
La chaleur pèse aussi sur la production animale. Les vaches laitières produisent moins de lait, et les autres élevages voient une diminution de la qualité des carcasses. « C’est notre revenu principal qui est affecté », note Mme Gagnon.
Pour protéger leurs troupeaux, certains producteurs investissent dans la ventilation, l’installation de brumisateurs, ou l’aménagement de bâtiments plus frais. « À notre ferme laitière, on a ajouté des entrées et des sorties d’air pour améliorer la ventilation. Dans le porc, plusieurs utilisent la bruine pour rafraîchir les animaux. » Ces aménagements représentent toutefois des coûts importants, difficiles à absorber en période d’inflation.
Malgré la chaleur, les travaux ne s’arrêtent pas. « Nos producteurs continuent de travailler. C’est physique, alors il faut prendre des pauses et s’hydrater. Mais la saison bat son plein, et il faut avancer. »
Les horaires doivent parfois être adaptés pour éviter les heures les plus chaudes, mais ce n’est pas toujours possible. « On ramasse du foin, on prépare les semis d’automne… et tous les tracteurs n’ont pas l’air climatisé. »
S’adapter aux changements climatiques
Pour Mme Gagnon, ces canicules seront de plus en plus fréquentes. « On appelle ça des changements climatiques. Avant, après deux jours de chaleur, il pleuvait un peu. Là, c’est plusieurs jours de suite à 40 degrés ressentis. »
Si certaines fermes peuvent investir dans des systèmes d’irrigation, ce n’est pas possible partout, notamment pour les grandes cultures. « Les maraîchers, eux, n’ont pas le choix d’irriguer pour offrir des produits de qualité. »
À plus long terme, il faudra penser à des aménagements durables, tout en tenant compte du climat hivernal. « On ne peut pas bâtir des infrastructures comme dans le Sud. Ici, l’hiver revient toujours, et il faut s’y adapter. »
Pluie espérée… mais pas trop violente
Les producteurs espèrent de la pluie rapidement, mais pas sous forme d’orages violents qui ruisselleraient sans vraiment nourrir le sol. « Les terres, surtout sablonneuses, craquent de sécheresse. Il faut de l’eau qui pénètre, pas juste des averses soudaines. »
En attendant, l’UPA du Bas-Saint-Laurent demeure à l’écoute des préoccupations de ses membres, et observe la situation à l’échelle provinciale. « Cette vague de chaleur est partout au Québec, pas seulement chez nous. On va devoir continuer à s’adapter, mais pour l’instant, on espère surtout que le ciel se montre clément », conclut Mme Gagnon.
