Vous connaissez l’expression se faire tirer le portrait ? Remontant peut-être jusqu’au Moyen Âge, celle-ci fait référence au portrait dessiné ou peint par un artiste.
Avec l’apparition de la photographie, plusieurs Sud-côtois acceptent de prendre une pause pour croquer un moment de leur vie.
À partir de la seconde moitié du XIXe siècle, plusieurs notables de la Côte-du-Sud font appel à des photographes pour laisser à leur famille un héritage visuel. Les femmes ont également droit à ce privilège. C’est le cas de Louise-Catherine-Wilhelmine Boisseau (1832-1880). Fille du notaire Ignace-Gaspard Boisseau (1792-1840) de Saint-Thomas (Montmagny), celle-ci épouse en 1851 le seigneur de la Grande-Anse (Saint-Roch-des-Aulnaies) Pascal-Amable Dionne (1827-1870).
Vers 1860, Louise-Catherine-Wilhelmine se fait immortaliser sur papier par George William Ellison, un important photographe de Québec. Son portrait correspond à la pause classique que l’on prend généralement dans les studios de ces artistes. La personne est debout et pose sa main sur une chaise. Une telle photographie nous dit beaucoup sur le statut social de la personne et sur le vêtement féminin de l’époque victorienne. Les femmes portent un corsage boutonné jusqu’au cou et une jupe longue bouffante.
Il existe plusieurs façons de laisser un héritage à la postérité. La photographie en est une et la toponymie aussi. Durant les années 1840, le territoire de la municipalité de Saint-Roch-des-Aulnaies devient de plus en plus grand. Après bien des requêtes, les résidents du nord-est des 2e, 3e et 4e rangs de Saint-Roch-des-Aulnaies réussissent à obtenir leur propre paroisse en 1856. Le projet de lui donner le nom de Saint-Louis est alors énoncé, mais les habitants insistent pour adopter le patronyme de Sainte-Louise, souhaitant rappeler l’épouse du seigneur Dionne qu’ils considéraient comme leur bienfaitrice. Une hypothèse veut que Louise-Catherine-Wilhelmine ait décidé d’abolir les rentes seigneuriales de la Fabrique de Sainte-Louise. Notons qu’aucune Louise n’avait été béatifiée à cette époque. On comptait toutefois trois bienheureuses.