L’arrivée des premiers camions dans les années 1930 bouleverse à n’en pas douter la vie quotidienne des sud-côtois. Le transport routier ouvre tout un champ de possibilités pour les commerçants, les industriels, les cultivateurs et les travailleurs de la construction.
Dès son apparition, le camion devient populaire. On l’apprécie pour sa capacité de chargement et pour sa robustesse. Durant les années 1930, les camions fourgons et les «Pick-up» avec leurs châssis arrondis sont de plus en plus visibles dans le paysage rural. Les cultivateurs en font l’acquisition et en 1938, une vingtaine d’entre eux dans le comté municipal de L’Islet en possède un.
De nombreux commerçants, boulangers, bouchers et marchands ambulants, trouvent un avantage au camion fourgon, à la condition que les chemins soient praticables. D’autres hommes d’affaires investissent dans le transport routier grâce à l’apparition des camions-remorques qui ont une capacité de chargement importante. C’est le cas d’Adélard D’Anjou (1908-1986) de Saint-Pascal. En 1938, celui-ci possède déjà trois camions. Maire de cette ville de mai 1955 à mai 1963 et de novembre 1967 à novembre 1973, puis élu député de l’Union nationale dans Kamouraska en 1966, cet homme d’affaires a d’ailleurs joué un rôle important dans le développement du camionnage dans l’Est-du-Québec et jusqu’au Nouveau-Brunswick.
À la même époque, dans le comté de L’Islet, le camionnage permet d’acheminer des produits laitiers et du bois de construction jusqu’à Québec. Certains observateurs affirment qu’il aurait contribué au déclin du cabotage sur le Saint-Laurent et à la diminution du commerce par chemin de fer. La concurrence est présente puisque 11 propriétaires de camions se partagent le territoire du comté à la fin des années 1930. À Saint-Jean-Port-Joli, Xavier Bélanger dessert la route de Saint-Pamphile-Québec en passant par Montmagny. À Saint-Cyrille, Octave Richard, Damase Lord et Gérard Gagné acheminent du bois et des denrées jusqu’à Québec.