Baignant dans le fleuve à huit kilomètres de L’Islet-sur-Mer, les îles aux Loups marins ont une histoire étonnante reliée aux oiseaux migrateurs qui s’y arrêtent à l’automne.
Les habitants de la Côte-du-Sud abordent très tôt ces îles pour y chasser les oiseaux migrateurs. Elles auraient été rattachées à la seigneurie de l’île aux Coudres que possédait le Séminaire de Québec à partir de 1687. En 1821, à la surprise générale des seigneurs, quatre chasseurs de Saint-Jean-Port-Joli affirment qu’ils ont acquis ces îles du gouvernement. Le séminaire choisit alors de ne pas contester ces titres de propriété.
Les chasseurs de Saint-Jean-Port-Joli découvrent rapidement le potentiel de ces îlots pour la chasse à la sauvagine. Ce sont des membres de la famille Fournier de Saint-Jean-Port-Joli qui prennent possession de ces îlots que l’on appelait battures aux Loups marins. L’arpenteur Ovide Fournier en fait partie. Dans ses Mémoires, Philippe-Aubert de Gaspé immortalise le nom de ces îles en racontant une expédition de chasse à laquelle il participe.
En 1880, les battures sont acquises par le marchand de vins et spiritueux de Québec Jean-Baptiste Toussaint. Voyant le potentiel de l’îlot principal, il engage alors Alfred Lebreton, un fermier d’origine belge établi à L’Islet, pour y exploiter une petite ferme et profiter de la chasse. Trois ans plus tard, il met en vente les îles à titre de réserve de chasse aux oiseaux migrateurs. Elles seront acquises par l’industriel américain Ivers Shepard Adams en 1901.
Grand amateur d’ornithologie, Adams s’intéresse aux oiseaux de ses îles. Il procède aux baguages de canards noirs de 1925 à 1934 et d’oies blanches de 1914 à 1944 et publie ses résultats dans la revue Bird Banding. En 2007, les îles aux Loups marins passent aux mains du gouvernement du Québec, mais sous la responsabilité de Canards illimités pour veiller à la conservation de la faune et de la flore. Les îles accueillent annuellement à l’automne près de 30 000 bécasseaux semi-palmés et plusieurs autres espèces.