L’ex-conjointe de l’accusé dans l’affaire du meurtre de Colette Émond de La Pocatière en 2017 a raconté sa version des faits aux jurés jeudi après-midi, au jour 4 du procès.
Sonia Castonguay a indiqué qu’elle était à l’époque la conjointe de Denis Picard depuis environ six ans. Questionnée à savoir qui il était pour elle aujourd’hui, elle a répondu : « C’est un inconnu pour moi », confirmant qu’ils étaient séparés.
Elle a raconté que le matin du 5 juin 2017 était tout à fait normal pour Picard, elle et ses enfants, qui allaient à l’école ce matin-là. Elle est partie travailler vers 7 h le matin et elle est revenue dîner à la maison. Picard était au domicile à ce moment, lui qui était sans emploi et prenait des antidépresseurs, selon elle.
En après-midi, à la fin de sa journée et dans le but d’aller récupérer un papier à une autre succursale de son travail, Sonia Castonguay a pris un chemin différent que celui de la maison. Elle aurait remarqué le véhicule de Denis Picard devant un immeuble à logements de la 5e avenue, qui s’est avéré être plus tard celui qu’habitait Colette Émond.
Elle a dit à la cour qu’elle a d’abord pensé qu’il avait obtenu un contrat de peinture, même si sa petite compagnie était inactive, selon elle. Ensuite, elle a eu un doute sur la fidélité de son conjoint.
Il est revenu à la maison peu de temps après, mais il s’est rendu au jardin. Elle trouvait bizarre qu’il n’entre pas à la maison, sachant qu’il savait qu’elle était présente.
Une dispute s’en est suivie, autour de la possible infidélité de Picard.
Devant les jurés, la témoin est alors devenue émotive, car elle a dû rapporter des paroles qu’elle a dites ce jour-là, devant les membres de la famille de Colette Émond, présents au Tribunal. « Je lui ai dit : “J’espère que la baise était bonne”… Je m’excuse auprès de la famille, je me sens mal de dire cela », a-t-elle déclaré devant les jurés. Elle a ajouté qu’elle ne savait pas du tout ce qui s’était passé à ce moment-là.
Appel au 911
Picard aurait finalement admis à Mme Castonguay qu’il aurait rencontré à l’épicerie une dame qui lui devrait de l’argent pour des travaux de peinture. Il se serait rendu chez elle et elle lui aurait offert de le « payer en nature » et elle se serait dévêtue. Elle l’aurait agrippé, il l’aurait poussé et frappé avec un pot de fleurs.
Sa conjointe a appelé le 911 pour lui et ils ont ensuite appelé l’avocat de M. Picard. Ce dernier a demandé une déclaration écrite, à prendre en photo et à envoyer par courriel. Mme Castonguay aurait entrepris d’écrire les paroles de Picard sur un bloc-notes, mais se serait reprise plusieurs fois. Elle a reconnu que des bouts de papier retrouvés dans sa poubelle et retenus comme pièces d’intérêt pour le procès étaient écrits de sa main.
En attendant les policiers, Picard se serait changé de vêtements pour être plus propre. Il aurait marché de long en large en disant entre autres « tu diras à mes enfants que je les aime ».
Tout a déboulé après l’arrivée des policiers. Sonia Castonguay a accompagné une policière à l’endroit où elle avait vu le véhicule de Picard un peu plus tôt. Elle a appris un peu ce qui se passait à travers la radio de l’auto-patrouille et s’est dise sous le choc. Elle a été interrogée par les policiers durant la nuit et affirme s’être avoué : « Je ne veux plus rien avoir affaire avec cet homme-là », a-t-elle dit en cour.
Contre-interrogatoire
La défense a voulu mettre en lumière le comportement de Picard, le fait qu’il n’y avait rien de suspect ce matin-là, mais aussi le fait qu’il était en dépression depuis quelque temps. Elle a confirmé qu’il lui aurait manifesté des idées suicidaires sans pouvoir préciser à quel moment. Elle a aussi assuré qu’à son avis, Picard aurait consommé une bière cet avant-midi-là, mélangé avec sa médication pour la dépression.
Il a aussi été question d’une blessure à la cheville du suspect, selon Mme Castonguay, il se la serait foulée peu de temps avant. Il lui aurait montré sur l’heure du dîner, le jour de l’événement.
Le procès se poursuit vendredi.