Une étude exhaustive récemment réalisée au sujet du transport et de la distribution des aliments dans le Bas-Saint-Laurent démontre que l’accès est variable selon différents facteurs selon si l’on habite près d’un grand axe routier, dans une petite municipalité ou non et même si l’on habite l’est ou l’ouest du territoire.
C’est à la suite du grand événement « Nourrir le Bas-Saint-Laurent » en 2019 que plusieurs partenaires concernés ont décidé de travailler en priorité sur l’accès aux aliments. C’est ainsi qu’une étude a été commandée — réalisée par l’UQAR — impliquant une bonne proportion de producteurs, transformateurs, distributeurs ainsi que les dépanneurs, épiceries, supermarchés et marchés publics. En fait, 313 entreprises et organismes ont répondu à l’étude.
En gros, la distribution est inégale. De manière générale, les populations sur le littoral, près des routes plus importantes et dans les plus grosses villes sont mieux desservies.
Triste réalité, 22 municipalités sont en situation critique et 55 en situation fragile lorsque l’on fait leur portrait en ce qui concerne le nombre d’entreprises qui s’y déplacent et le nombre de livraisons reçues. C’est donc les deux tiers des municipalités du Bas-Saint-Laurent.
Le Kamouraska s’en tire plutôt bien, même si certaines municipalités affichent l’indicateur jaune, et une le rouge, soit Saint-Onésime. La position du Kamouraska dans l’ouest du Bas-Saint-Laurent semble lui être favorable.
« Les entreprises de transformation sont plus établies dans l’Ouest, les gros distributeurs sont plus situés dans l’Ouest également. Ça part de là. Ç’a probablement une influence. Le fait d’être plus proche de Québec, également. On voit une grosse différence entre le KRTB et la Matanie-Matapédia », souligne Mme Julie Desrosiers, chef de service en santé publique à la Direction de la santé publique du CISSS du Bas-Saint-Laurent.
Dépanneurs et épiceries
Le quart des municipalités, en 2020, n’avait pas de dépanneur ou épicerie, une statistique qui pourrait même avoir augmenté avec la pandémie. Sinon, plusieurs petits commerces ont de la difficulté à atteindre la quantité requise de produits pour obtenir une livraison d’un distributeur. Même si on s’imagine que les gens vont aller magasiner au village pourvu le plus proche, reste que ce manque d’accès à de la variété a ses impacts.
« On sait que l’accès à des aliments de proximité variés, ç’a un impact sur sa situation de sécurité alimentaire au quotidien. À long terme, ç’a un impact sur sa santé, sur sa préoccupation à l’égard de son alimentation. Ça représente une iniquité sur le territoire », ajoute Mme Desrosiers.
L’étude mène à une série de recommandations, dont la création d’entrepôts collectifs et d’une flotte régionale de véhicules pour des besoins occasionnels et temporaires. Le but étant d’allier les plus petits pour éliminer les irritants comme le manque d’espace et de ressources monétaires.
« Une entreprise, ça reste une entreprise. Si ce n’est pas rentable d’aller à un certain endroit, il faudrait trouver les moyens de faciliter cette organisation-là. Les gens n’ont pas nécessairement le temps à mettre sur cette organisation. C’est un peu de cette façon qu’on veut travailler avec eux », spécifie Mme Desrosiers.
Pour favoriser des collaborations et réfléchir à la mise en œuvre de telles avenues, la table intersectorielle invite les organisations de différents horizons, notamment des milieux municipal, communautaire, de la santé, du bioalimentaire et de l’éducation, à identifier des actions et collaborations pour ainsi assurer des suites durables aux résultats de ce portrait.