Pour une première fois, la Fondation pour l’alphabétisation présente des résultats par MRC pour dresser le portrait de l’alphabétisation dans toutes les régions du Québec. Certaines MRC s’en tirent mieux que d’autres.
Le Kamouraska fait assez bonne figure avec un indicateur jaune, comme Rivière-du-Loup. Rimouski est au vert alors que Les Basques, la Mitis, la Matanie sont au orange pendant que La Matapédia et le Témiscouata sont au rouge.
L’indicateur jaune signifie qu’entre 54 % et 58 % de la population n’a pas le niveau 3 du PEICA (Programme pour l’évaluation internationale des compétences des adultes), soit le seuil jugé nécessaire pour comprendre des textes plus longs et plus complexes.
« Par exemple, vous recevez un texte du gouvernement pour un programme. Ces textes-là sont de plus en plus complexes, alors probablement que si vous n’avez pas atteint le niveau 3, vous allez comprendre les mots, mais incapable d’en tirer une conclusion pour vous », a imagé André Huberdeau, président de la Fondation pour l’alphabétisation.
La difficulté à lire un menu représente un niveau 1 et lire un texte scientifique, un niveau 4 ou 5.
L’étude « La littératie au Québec : un regard local sur les enjeux » réalisée par l’économiste Pierre Langlois, offre un portrait inédit des compétences en littératie de la population. En jumelant les plus récents résultats du PEICA aux données du dernier recensement canadien, notamment le profil scolaire des répondants, M. Langlois a été en mesure de brosser un portrait régional des enjeux.
Clairement, les seuils plus bas sont souvent liés à des secteurs plus défavorisés et moins scolarisés, plus loin des établissements d’enseignement comme les Cégeps.
Les MRC affichant des résultats plus faibles présentent des caractéristiques souvent similaires, dont une forte proportion de répondants avec un diplôme d’études professionnelles, un phénomène de vieillissement de la population et des caractéristiques économiques et industrielles particulières : fort secteur agricole ou des pêcheries, présence importante d’un secteur manufacturier et d’industries liées aux ressources naturelles (foresterie, papier, mines).
Impacts
C’est l’ensemble d’une MRC qui gagnerait à ce que les indicateurs s’améliorent, estime M. Huberdeau. La société a évolué, comme par exemple, le rôle à jouer d’un travailleur en usine.
« Vous travaillez dans une usine et on a décidé d’informatiser vos procédures de production et vous devez comprendre les résultats de la machine pour bien la calibrer, si vous n’êtes pas au niveau 3, du jour au lendemain vous devenez un incompétent, c’est épouvantable », d’ajouter M. Huberdeau.
Notons que le bilan au Québec dans son ensemble s’est toutefois un peu amélioré depuis cinq ans. On peut penser entre autres que les personnes âgées qui n’ont pas eu la possibilité d’aller à l’école nous quittent tranquillement, ce qui peut avoir eu un effet.
Solutions
Devant ces résultats, l’économiste Pierre Langlois avance quelques réflexions et solutions. Il suggère d’identifier les grands employeurs dans les MRC présentant des résultats plus faibles et ouvrir une discussion sur la littératie, d’établir un contrat social entre le milieu manufacturier et les écoles professionnelles afin d’assurer une diplomation complète et de soutenir l’apprentissage de la littératie chez les aînés, particulièrement en région.
Portrait des MRC du Bas-Saint-Laurent
NIVEAU ROUGE (Plus de 60 % de la population n’atteint pas le niveau 3 du PEICA, soit le seuil jugé nécessaire pour comprendre des textes plus longs et plus complexes)
- MRC de la Matapédia
- MRC de Témiscouata
NIVEAU ORANGE (entre 58 % et 60 % de la population n’atteint pas le niveau 3 du PEICA)
- MRC de La Matanie
- MRC de La Mitis
- MRC des Basques
NIVEAU JAUNE (entre 54 % et 58 % de la population n’atteint pas le niveau 3 du PEICA)
- MRC de Kamouraska
- MRC de Rivière-du-Loup
NIVEAU VERT (moins de 54 % de la population n’atteint pas le niveau 3 du PEICA)
- MRC de Rimouski-Neigette