Arbre-Évolution et Le Semoir à l’ONU comme gardiens du Saint-Laurent

L’équipe d’Arbre-Évolution et du Semoir à New York. Photo : Facebook Arbre-Évolution

Des représentants de la coopérative l’isletoise Arbre-Évolution et de son projet écoéducatif Le Semoir ont fait la route jusqu’à New York la semaine dernière pour participer à la conférence de l’ONU sur l’eau 2023. Au sein de l’Alliance Saint-Laurent, qui plaide pour un statut juridique au fleuve Saint-Laurent, Le Semoir a contribué à sensibiliser des représentants du gouvernement canadien à cet enjeu, en plus de se présenter comme le « formateur » des futurs gardiens du fleuve.

Lorsque contacté, Simon Côté, coordonnateur d’Arbre-Évolution, n’y croyait toujours pas : « Un organisme de L’Islet à l’ONU pour défendre le Saint-Laurent; qui aurait dit ça il y a dix ans? » Il était accompagné pour l’occasion du président de la coopérative Samuel Pépin-Guay, de la coordonnatrice du Semoir Laurence Côté-Leduc, et de l’éco-formatrice Billie Jazz Marcuzzo-Roy.

Aux côtés d’autres acteurs associés à l’Observatoire international des droits de la Nature (OIDN), Le Semoir forme l’Alliance Saint-Laurent. L’objectif du groupe est de faire reconnaître la personnalité juridique et les droits du fleuve Saint-Laurent. « C’est une vision très progressiste et audacieuse du droit », reconnaît Simon Côté.

Au Québec, la rivière Magpie sur la Côte-Nord bénéficie depuis un peu plus de deux ans de ce type de personnalité juridique accordée par le biais de résolutions distinctives adoptées par la MRC de la Minganie et le Conseil des Innus d’Ekuanitshit. En février 2021, Le Devoir rapportait que ces résolutions accordaient « à la rivière neuf droits juridiques, dont ceux de couler, de maintenir sa biodiversité naturelle et d’intenter une action en justice ». L’adoption de ce statut constituait à l’époque une première au Canada, et s’inscrivait dans des initiatives similaires observées ailleurs dans le monde, entre autres le fleuve Whanganui que le parlement néo-zélandais a doté d’une personnalité juridique en 2017.

Suivant cette logique, le cours d’eau pourrait donc intenter une action en justice par la voix de ses gardiens, si ses droits se trouvaient bafoués. Ces gardiens, issus de la société civile, sont nommés, dans le cas de la rivière Magpie, par la Minganie et le Conseil des Innus d’Ekuanitshit. L’engagement du Semoir au sein de l’Alliance s’inscrit en continuité avec cette idée : celle de former les gardiens du Saint-Laurent de demain par le biais d’ateliers écoéducatifs dans les milieux scolaires québécois. « On a structuré l’approche de l’atelier du Semoir de sorte qu’au terme de 90 minutes de formation, les élèves repartent avec un macaron gardien en herbe du fleuve », résume le coordonnateur d’Arbre-Évolution.

Faire parler

L’engagement d’Arbre-Évolution et du Semoir ne s’est pas arrêté là. À New York, en compagnie d’autres représentants de l’Alliance Saint-Laurent, ils ont aidé à faire avancer la cause du statut juridique du fleuve Saint-Laurent auprès de représentants gouvernementaux participant à la conférence de l’ONU sur l’eau 2023. Deux projets de loi distincts ayant cet objectif ont été déposés en mai 2022, par le NPD au parlement fédéral et par Québec solidaire au provincial, sans développement réel depuis. « Ça va bientôt faire un an, et ces projets de loi commencent à prendre de la poussière. Ce qu’on voulait, c’était faire parler du dossier, et on a réussi brillamment, hier [22 mars], lors d’un événement parallèle auquel participaient des représentants du gouvernement canadien », résume Simon Côté.

L’Alliance Saint-Laurent bénéficie déjà de l’appui de 17 municipalités, 5 nations innues, 11 organisations non gouvernementales (ONG), et 2 centres de recherche sur l’eau et les écosystèmes au Québec, en plus de la participation citoyenne. La conférence de l’ONU sur l’eau 2023 était la deuxième à être tenue depuis 1977.