Atelier du partage : Si c’est bon pour vous, c’est bon pour nous

De la boîte de dons aux rayons du magasin, la mission de l’Atelier du partage compte sur le travail inlassable d’une quarantaine de bénévoles. Photo : Éliane Vincent

Dans la course à la réduction de notre empreinte environnementale, l’Atelier du partage fait la démonstration que l’économie circulaire est un modèle d’affaires viable. Depuis l’acquisition en 2022 du local laissé vacant par Korvette sur la rue Taché à Saint-Pascal, l’entreprise d’économie sociale a le vent dans les voiles.

La mission de l’Atelier du partage depuis 37 ans est de recueillir les dons du public en articles de la vie courante pour les remettre en vente à un coût très bas. L’organisme ne reçoit aucune subvention, et compte sur l’appui de nombreux bénévoles pour son fonctionnement. L’objectif est de réduire le gaspillage tout en permettant à des citoyens de tous les niveaux économiques de se procurer des articles de qualité.

Charlène Cayer est la directrice générale de l’Atelier. Elle se souvient combien le nouveau local a changé la façon d’offrir le service. « C’est un vrai magasin, souligne Mme Cayer, un espace clair et invitant, autant pour les clients que pour les bénévoles. » Dans cet espace, on trouve de tout : vêtements et accessoires, bien sûr, mais aussi des jouets, des disques, des déguisements pour l’Halloween, de la vaisselle, et tout le reste, sauf les meubles.

Au sous-sol, c’est l’entrepôt. L’immense salle est remplie des collections attendant la prochaine saison, bien rangées sur des portemanteaux qui s’alignent d’un mur à l’autre. Puis, derrière une porte, la réserve des dons de la semaine. La popularité de grandissante de la friperie se reflète dans les dons, de plus en plus plus abondants. Les sacs s’empilent jusqu’au plafond. « C’est comme ça chaque semaine », se réjouit Charlène Cayer, même si la gestion de cette grande générosité demande beaucoup de planification et de coordination.

Donner au suivant          

Chaque lundi, on ouvre les sacs. L’équipe de bénévoles de l’Atelier compte une quarantaine de personnes, principalement des femmes. Une bonne douzaine d’entre elles consacrent chaque semaine un jour ou deux au tri et au classement des dons. « C’est un travail énorme, explique la directrice. Et comme nous ne sommes pas en mesure de faire des réparations, une partie de ce qu’on reçoit reprend le chemin de l’enfouissement. »

Faute de ressources et de main-d’œuvre spécialisée bénévole, un bouton qui manque peut mener un blouson par ailleurs en bon état vers le site d’enfouissement. Charlène Cayer rêve de faire participer les citoyens à la communauté de l’Atelier du partage : « Si vous recousez un bouton à votre blouson avant de nous le donner, vous aidez à créer cette chaîne de partage essentielle à l’économie et à l’environnement. »

Elle souligne que déjà, trier les articles en amont, retirer ce qui est abîmé, taché donnera un bon coup de main aux bénévoles. « Ce que vous n’achèteriez pas, nous ne pourrons pas le vendre », conclut la directrice en rappelant que, pauvre ou riche, personne ne choisira sur les rayons un article de mauvaise qualité ou qui a trop vécu.

Quelques débouchés pour les textiles

Il est parfois possible de revaloriser des articles en fin de vie. L’Atelier du partage s’efforce de détourner le maximum de volume de l’enfouissement, et encore là, la communauté répond présente.

Charlène Cayer, directrice de l’organisme, affirme que les fibres naturelles, comme la laine, le coton ou le cuir, sont assez faciles à retourner dans un circuit de recyclage. « On trouve toujours des débouchés pour ces fibres-là. Les cercles de fermières en veulent, les écoles, les gens qui font des catalognes, de la couture, c’est très facile. »

Le polyester et les autres fibres synthétiques, par contre, n’intéressent personne, ni pour la réutilisation ni pour le recyclage. De nombreuses études ont démontré que ces fibres se retrouvent partout dans l’environnement, et jusque dans l’organisme des êtres vivants, y compris les humains. C’est pour tenter de contrer ce désastre environnemental que l’Atelier du partage a amorcé une collaboration avec Biopterre pour élaborer un procédé de dégradation des textiles par les champignons. Élodie Fortin a été mandatée par l’organisme pour le suivi de ce projet atypique pour un organisme à but non lucratif.

« Si on réussit à trouver un procédé fiable, on pourrait fabriquer des mycomatériaux parfaitement biodégradables », poursuit Mme Cayer.

Cette dernière donne comme exemple des panneaux insonorisants qui sont déjà à l’étude, ou la possibilité d’inoculer des champignons dans les textiles avant de les envoyer à l’enfouissement, pour accélérer leur dégradation, ce qui serait déjà une amélioration pour l’environnement.

Mais Charlène Cayer tient à rappeler que « nous n’en sommes vraiment pas là encore, même si nous avons hâte d’y arriver, pour partager cette innovation avec toutes les friperies! » D’ici là, elle compte sur la collaboration du public pour ne déposer dans la boîte de dons que des articles en bon état.

Charlène Cayer et la bénévole Chantal Gagné devant une petite partie de l’inventaire de l’Atelier du partage. Photo : Éliane Vincent