Le Kamouraska fait partie d’un club sélect de quelques MRC au Québec qui ont choisi d’élire leur préfet au suffrage universel. Élections dans leurs municipalités ou non, le 7 novembre prochain, tous les électeurs du Kamouraska sont appelés aux urnes pour voter. Yvon Soucy, préfet sortant, a bien accepté de nous expliquer cette fonction qu’il quitte et qui reste encore aujourd’hui un peu nébuleuse aux yeux de certains électeurs.
Le Placoteux (LP) : M. Soucy, vous avez été élu préfet sans opposition à trois reprises depuis 2009. Pour cette raison, certains électeurs au Kamouraska ignorent que la préfecture dans notre MRC est élue au suffrage universel. Mais cette année, il y a deux candidats qui aspirent à vous succéder (Louis-Martin Hénault et Sylvain Roy), ce qui fait que tous les électeurs du Kamouraska devront se déplacer pour voter. À quand remonte la dernière élection à la préfecture ?
Yvon Soucy (YS) : La dernière élection à la préfecture remonte à 2005, l’année même où il a été décidé que le préfet serait désormais élu au suffrage universel au Kamouraska. Cette année-là, cinq candidats s’étaient lancés dans la course à la préfecture qui avait permis d’élire mon prédécesseur, Jean-Guy Charest. Par la suite, j’ai toujours été élu sans opposition, tout le contraire de ce que j’ai vécu pour la mairie de Mont-Carmel où j’avais été déclaré vainqueur à la suite d’un recomptage judiciaire en 2005.
LP : Existe-t-il une différence entre un préfet élu au suffrage universel et un préfet élu par ses pairs, comme dans L’Islet ?
YS : La seule différence est que le préfet élu au suffrage universel peut se dédier entièrement à la préfecture. L’autre avantage que j’y vois, c’est aussi le recul que ça apporte par rapport à sa propre municipalité et les autres qui constituent la MRC, contrairement à un préfet élu par ses pairs qui demeure aussi maire de sa municipalité. Rendu là, ça demeure une question de point de vue, mais je sais que pour avoir sondé d’anciens élus kamouraskois qui sont derrière l’instauration de l’élection de la préfecture au suffrage universel, il semble ne jamais avoir eu de regret de ce côté-là. Mais au final, peu importe comment le préfet est élu, ce n’est pas ce qui dicte s’il sera compétent ou non.
LP : On peut donc dire que le préfet est en quelque sorte le maire d’une autre municipalité ?
YS : Effectivement. D’ailleurs, j’ai toujours préféré le terme long municipalité régionale de comté à l’acronyme MRC, pour cette raison. Municipalité régionale, c’est plus concret. Comme une municipalité locale, la municipalité régionale a des champs de compétences distincts comme l’aménagement du territoire, la gestion de l’eau, le schéma de couverture de risque, pour n’en nommer que quelques-uns. Parfois, les municipalités locales vont faire appel à la MRC afin d’être en mesure d’offrir un service précis à leurs citoyens, mais essentiellement, nos champs d’action sont très différents.
LP : Comment se résume le rôle du préfet, dans ce contexte ?
YS : Le préfet est le maire de la municipalité régionale de comté, mais pas le « maire des maires ». Le préfet n’a aucune autorité sur les maires des autres municipalités locales. Oui, il préside les séances du conseil des maires et d’autres comités au sein de la MRC, mais son leadership, il doit l’exercer dans la recherche du consensus. Un préfet n’arrivera jamais à rien s’il ne travaille pas dans cet objectif. Oui, il peut être interpellé sur des questions politiques qui concernent tout le territoire, mais il ne se substitue jamais aux maires.
LP :Et par rapport à « l’appareil MRC », quel est le rôle du préfet ?
YS :Le préfet doit aussi bien comprendre son rôle dans l’organisation MRC. Ce n’est pas lui le « boss » de la MRC, mais le directeur général. Par contre, sa responsabilité est de bien traduire les orientations décidées par le conseil des maires auprès de la direction générale, qui elle doit rendre des comptes au préfet, qui est finalement la courroie de transmission entre les deux. On a le droit de poser des questions et c’est important d’être à l’écoute, mais il faut aussi que tout le monde respecte la patinoire de chacun si on veut que l’ensemble fonctionne bien.