Les Jeux olympiques viennent de prendre fin à Tokyo et suivront ensuite les paralympiques dans la capitale japonaise, du 25 août au 6 septembre. Pour Benjamin Ouellet de Saint-Pascal, coureur souffrant d’une déficience visuelle, les Jeux paralympiques sont plus qu’un rêve, mais un objectif qu’il compte bien atteindre pour Paris en 2024 ou Los Angeles en 2028.
Benjamin Ouellet était à Sherbrooke les 31 juillet et 1er août derniers pour participer aux Championnats québécois d’athlétisme. Comme il nous a habitués dans le passé, le jeune homme de 20 ans en a profité pour battre son record personnel au 800 m et celui du Club Filoup de Rivière-du-Loup auquel il est toujours associé, avec un temps de 2 : 14,40.
Chez les coureurs ayant une déficience visuelle, Benjamin Ouellet se classe actuellement 3e au monde au 800 m dans la catégorie T-12 et 6e, T-12 et T-13 confondues (acuité visuelle entre 5 % et 10 %). Au Canada, il se classe au 800 m parmi les trois meilleurs coureurs de tous les temps avec une déficience visuelle.
« Je ne vante jamais mes statistiques, à moins qu’on m’en parle. Mais les gens finissent souvent par me les demander quand ils m’abordent, car ils me connaissent souvent à cause de la course. Avec mes amis, je parle de plein d’autres choses », souligne le jeune coureur, en toute humilité.
Celui qui a commencé à courir à l’âge de 12 ans avec son père l’a depuis longtemps dépassé. D’autres guides l’accompagnent désormais sur la piste, quand il est en mesure d’en trouver un, sa déficience visuelle l’obligeant à courir attaché à un autre coureur lors des compétitions.
Sa rapidité est toutefois telle qu’en région il a de plus en plus de difficulté à trouver des athlètes de haut niveau pour l’accompagner. Comme plusieurs autres jeunes bas-laurentiens aux talents athlétiques prometteurs, Benjamin Ouellet prendra donc cet hiver le chemin de Québec où il joindra le club d’athlétisme du Rouge et Or de l’Université Laval. Déjà, les entraîneurs de l’équipe ont commencé à l’encadrer. Entouré d’autres coureurs élites, Benjamin croit qu’il sera bien assisté pour poursuivre sa progression.
« J’ai souvent été en compétition avec des gens qui n’ont pas de handicap depuis que j’ai commencé la course. Je crois que c’est un avantage, car ça m’a toujours poussé à me dépasser », poursuit-il.
Jeux paralympiques
La réalité risque toutefois de le rattraper. Benjamin a été identifié comme « athlète élite » ayant le potentiel de représenter le Canada aux Jeux paralympiques de 2024 ou de 2028. Avant, en 2023, il y aura les Jeux paralympiques panaméricains qui se tiendront au Chili et auxquels il est pratiquement assuré de participer. La contrepartie est qu’il devra d’ici là concourir davantage contre des athlètes non voyants s’il désire se distinguer davantage dans les circuits paralympiques et être en mesure de comparer son niveau avec ceux qui souffrent du même handicap que lui.
Heureusement, Benjamin Ouellet n’a jamais eu peur des défis. Si sa passion pour la course ne fait plus aucun doute, il avoue aujourd’hui être stimulé par les valeurs de dépassement de soi et de persévérance que peuvent inspirer ses performances chez les autres. Et sur la piste, il le reconnaît, un petit côté bagarreur le pousse à exceller.
« Mon acuité visuelle joue entre 9 et 10 % et elle stable depuis 10 ans. Je suis capable de déceler des couleurs, mais je ne vois pas les détails. Pour moi, c’est toute une victoire, car on disait que j’avais neuf chances sur dix de ne rien voir du tout. J’ai battu le pronostic de départ en entrant dans le maigre 10 %. Il faut croire que j’aime ça me battre contre de faibles marges », conclut-il.