La rentrée scolaire ayant eu lieu le 26 août dernier a pris une dimension particulière à l’école secondaire Bon-Pasteur de L’Islet. Le ministre de l’Éducation et ministre responsable de la Chaudière-Appalaches, Bernard Drainville, a choisi cet établissement pour lancer officiellement les nouveautés de l’année scolaire 2025. Accompagné du député de Côte-du-Sud, Mathieu Rivest, il est venu rencontrer les élèves et le personnel pour discuter de deux mesures phares de la rentrée, soit l’interdiction du cellulaire en milieu scolaire, et l’instauration d’un nouveau code de conduite pour les élèves.
Le cœur de ces mesures est sans conteste l’interdiction des cellulaires. Désormais, les élèves du réseau scolaire public québécois doivent déposer leur appareil dans leur casier dès la première cloche du matin et ne peuvent le récupérer qu’au moment de quitter l’école. Même à l’heure du dîner, l’usage des téléphones demeure proscrit.
« On espère que les jeunes vont redécouvrir le plaisir de se parler, de participer aux activités parascolaires, et de vivre pleinement leur vie scolaire sans distraction constante », explique Bernard Drainville devant un groupe de finissants réunis pour l’occasion.
Le ministre a d’ailleurs tenu à rappeler que, dans les écoles où cette règle est déjà appliquée, les directions ont constaté une hausse de la socialisation et une baisse des cas d’intimidation. « Les réseaux sociaux peuvent amplifier les moqueries et l’exclusion. En retirant les téléphones, on crée un climat plus sain et plus sécuritaire », dit-il.
Le respect par le vouvoiement
En parallèle, le ministre a aussi mis en lumière une autre nouveauté : l’obligation pour les élèves de vouvoyer le personnel, et d’utiliser les titres « madame » ou « monsieur ». Cette mesure vise à rétablir le respect entre les jeunes et les adultes de l’école. « L’objectif n’est pas de contraindre, mais de créer un climat où la politesse et la courtoisie deviennent naturelles », a déclaré Bernard Drainville. Selon lui, le vouvoiement permettra de renforcer l’autorité éducative des enseignants, trop souvent ébranlée par des manques de respect. « Plus de courtoisie, et plus de gestes de politesse, c’est potentiellement moins d’intimidation », ajoute-t-il.
Des élèves partagés
Les élèves de Bon-Pasteur n’ont pas hésité à réagir à ces nouvelles directives de Québec. Certains ont exprimé leurs craintes, surtout face à l’interdiction des téléphones cellulaires. « On est tellement habitué à avoir nos téléphones tout le temps, ça va être difficile au début », confie une élève. Un autre a quant à lui dénoncé cette mesure : « Sérieux, c’est déprimant ! C’est un outil qui nous facilite la vie. »
Certains par contre y voient un changement bénéfique. « Ça va peut-être réduire l’intimidation, et nous obliger à nous parler davantage », souligne un finissant.
Le ministre a toutefois reconnu que ces nouvelles mesures ne représentent pas des solutions magiques. Il croit néanmoins qu’elles contribueront à instaurer un climat de classe plus harmonieux. « On ne mettra pas fin à l’intimidation, mais on peut en diminuer l’intensité et le nombre de cas », insiste-t-il.
Fidèle à son style, Bernard Drainville a partagé un souvenir personnel en rappelant avoir lui-même été victime d’intimidation à l’école. « Je n’étais pas très grand, alors je devenais une cible facile. » Pour lui, l’arrivée des cellulaires et des réseaux sociaux a accentué ce problème, en prolongeant l’intimidation au-delà des murs de l’école. « Un texto méchant peut sembler banal, mais quand ça s’accumule, l’impact est immense », explique-t-il.
L’Intelligence artificielle
La visite du ministre ne s’est pas limitée aux règles de vie et à la nouvelle interdiction des téléphones cellulaires à l’école ; les échanges ont aussi porté sur l’intelligence artificielle, de plus en plus présente dans les travaux scolaires.
Bernard Drainville a bel et bien reconnu que la tentation de tricher existe avec cet outil, mais il croit en contrepartie que l’IA peut également devenir un outil pédagogique, s’il est bien utilisé. « Cette nouveauté-là est répandue à la grandeur de la planète, nous ne sommes pas les seuls à y être confrontés. Cependant, on doit apprendre à vivre avec, et à limiter ses dangers, mais j’estime aussi qu’on peut également tirer profit de ses forces », a-t-il conclu, rappelant au passage qu’un guide sur son usage a déjà été transmis aux écoles.