CAQston Lagaffe et le Stade olympique

Vue sur la tour du Stade olympique à Montréal. Photo : Varun Goregaonkar (Unsplash.com)

La rentrée parlementaire devait se faire sous le signe de la discipline du côté de la Coalition Avenir Québec. Force est de constater que le festival de la gaffe se poursuit de plus belle chez les caquistes, et rien actuellement ne laisse envisager une remontée du gouvernement Legault dans les sondages, ou du moins, un arrêt de sa chute…

Le dernier sondage Léger place désormais la Coalition Avenir Québec à 25 % des intentions de vote, ce qui est quand même mieux que le 21 % octroyé par le sondage Pallas Data/Qc125/L’actualité publié à la fin du mois de janvier.

On pouvait ainsi penser, du côté des caquistes les plus optimistes, qu’à la lumière du récent sondage, on assistait au pire à un ralentissement de la chute, même qu’un plancher venait possiblement d’être atteint pour une remontée future. Malheureusement pour ces infortunés, c’était avant que la population en général ne remarque l’étincelante faculté que possèdent certains députés du gouvernement à placer habilement des pelures de banane sous leurs propres pieds.

La dernière frasque : la présidente de l’Assemblée nationale, Nathalie Roy, qui refuse de divulguer ses factures de dépenses, alors qu’elle s’y était pourtant engagée. Sans parler ici de l’illustre vice-première ministre du Québec, Geneviève Guilbault, qui est actuellement aux prises avec une histoire absurde de dons politiques, où un couple de parents endeuillés a été invité à payer 200 $ pour assister à un cocktail de financement afin de pouvoir la rencontrer, et ce, pendant un monumental deux minutes…

Il fallait par ailleurs voir la scène burlesque de la députée de Louis-Hébert, qui s’est solidement fait rabrouer par le député péquiste Pascal Bérubé, dans les couloirs de l’Assemblée nationale, en tentant de lui faire la leçon sur les cocktails de financement. Ce n’était d’ailleurs pas assez, car le premier ministre François Legault s’est également mis de la partie en qualifiant le député solidaire Vincent Marissal de « lanceur de bouette national ».

Discipline, quand tu nous tiens… Le taux d’insatisfaction de la population envers le gouvernement n’est-il pas de 64 % ?

Évidemment, lorsque le Québec est aux prises avec une crise inflationniste sans précédent, que les ménages ont de la difficulté à joindre les deux bouts, que l’utilisation des antidépresseurs s’avère fortement à la hausse dans la population, plus particulièrement chez les jeunes, et que les services octroyés par l’État laissent davantage à désirer, et ce, tout en observant une augmentation considérable des faillites des PME dans la belle province, il est à mon sens très limpide que la solution envisagée pour améliorer la situation est de laisser encore plus d’espace à des histoires dignes d’une polyvalente… Vous me pardonnerez ici mon cynisme, mais, au-delà de l’actuel « stuff » de junior à l’Assemblée nationale, il y a l’intérêt supérieur de la nation. L’aurait-on oublié?

Le Stade olympique

La ministre du Tourisme, Caroline Proulx, a récemment dévoilé l’estimation du prix que coûterait le remplacement de la toiture dite « instable et dangereuse » du stade construit pour les Jeux olympiques de 1976, soit 870 M$.

Selon cette dernière, ce serait la meilleure solution à envisager, puisqu’il en coûterait deux milliards pour le démolir, en raison notamment du passage du métro. Serait-ce une stratégie marketing? « Qui veut noyer son chien l’accuse de la rage », dit-on. Le 870 M$ est visiblement beaucoup moins onéreux que les deux milliards? Tant qu’à choisir…

« Il faudrait opérer pierre par pierre, en raison des risques non seulement pour la structure du métro de Montréal, qui passe sous le stade, mais pour tout le voisinage. Il faut ajouter les impacts financiers d’une carrière à ciel ouvert sur la Tour de Montréal, et sur les nombreux autres actifs exploités sur le site. Un projet de déconstruction viendrait contrecarrer les efforts de développement et de croissance de l’est de Montréal », a-t-elle expliqué.

Or, peut-on encore se fier au gouvernement pour faire respecter les sommes annoncées? En d’autres termes, si la modernisation du programme informatique de la SAAQ devait au préalable coûter 25 M$, et qu’au bout du compte, la somme à débourser s’est rapprochée du demi-milliard, voire même plus selon certaines sources, combien pensez-vous que la construction du nouveau toit du Stade olympique coûtera au trésor public? Comme si celui-ci possédait un historique impeccable en la matière depuis le début de sa construction…

Il est aussi aberrant que ledit toit soit plus onéreux que la construction de deux centres Vidéotron, alors que le stade n’est aucunement habité par une équipe professionnelle! Et oubliez d’ailleurs le retour des Expos, car la valeur moyenne d’une concession dans la MLB est de 2,32 G $. Quant au football, le prix moyen d’une franchise pour la NFL est désormais fixé à 5,11 G $.

Oui, mais avec ce nouveau toit, on pourrait à l’occasion avoir un match hors-concours de la NFL au stade! Ce serait magique, non? Même qu’avec le nouveau toit, on pourrait enfin obtenir un concert à grand déploiement de Taylor Swift!

Mais depuis quand les grands projets au Québec — coûtant des sommes astronomiques — sont-ils mis sur pied en fonction des standards d’une vedette pop américaine? Sommes-nous à ce point déconnectés de la réalité? Je rappellerai ici que le Centre Bell existe toujours, et que si nous avons besoin d’un plus grand espace pour ce type de spectacles, l’ex-Beatles Paul McCartney est venu à deux reprises jouer ses plus grands succès sur les Plaines d’Abraham…

Récemment, mon collègue Maxime Paradis faisait état que, seulement en Côte-du-Sud, 20 projets ont été déposés en infrastructures sportives, et que le quart d’entre eux totalisait environ 75 M$ en investissements, pour un budget annuel de 300 M$ pour l’entièreté des besoins de la province.

Je présume que le 870 M$ prévu pour le toit du stade — avec les faramineux dépassements de coûts des projets du gouvernement qu’attendent les contribuables — pourrait facilement bonifier les projets d’infrastructures sportives des régions du Québec qui en ont cruellement besoin, au lieu d’investir cette somme pour, peut-être, obtenir un hypothétique concert d’une vedette américaine ou un match présaison d’une équipe de football du pays de l’Oncle Sam…