La porte ouverte au Centre culturel islamique de La Pocatière avait un petit quelque chose d’interreligieux. Dans l’ombre et à titre personnel, la coordonnatrice de la pastorale diocésaine Audrey Boucher a passé le mot auprès de personnes significatives de la communauté chrétienne qui n’ont pas hésité à manifester leur soutien lors de cette journée importante pour les musulmans de la région.
Nawal Tamou Elmquirmi, responsable des communications pour le Centre culturel islamique de La Pocatière flottait encore sur un nuage, deux jours plus tard. Une quarantaine de personnes se sont présentées à la porte ouverte tenue le 20 juin, une vraie réussite selon elle, surtout en cette période pandémique.
« Nous n’avons eu que quelques jours pour se préparer et nous n’avons ouvert nos portes que trois heures. Nous sommes très heureux de l’ensemble du déroulement », confie Nawal.
Des gens de tous les horizons se sont présentés à cette porte ouverte, dans le plus grand respect et l’ouverture la plus sincère, poursuit-elle. Plusieurs avaient des questions sur les pratiques religieuses chez les musulmans, les points communs avec la religion catholique et sur la mission du Centre culturel islamique.
L’ex-responsable des affaires religieuses du Centre culturel islamique de Québec avait même été sollicité pour l’occasion afin de répondre aux questions plus pointues. « Nous ne sommes pas des experts du Coran, ni imam », précise Nawal.
Fraternité interreligieuse
Le succès de cette journée, le Centre culturel islamique de La Pocatière l’attribue au soutien des Kamouraskois qui se sont de plus en plus nombreux à faciliter l’intégration des membres de la communauté musulmane régionale. Nawal Tamou Elmquirmi cite notamment les services à l’immigration de la MRC de Kamouraska et les médias locaux.
L’aide la plus inattendue est toutefois venue d’où le Centre ne s’y attendait pas. Audrey Boucher, coordonnatrice de la pastorale au Diocèse de Sainte-Anne-de-la-Pocatière est entrée en contact avec Nawal à titre personnel, dès les premiers instants que le Centre culturel islamique a eu pignon sur rue à La Pocatière.
« En entrant en contact avec le Centre, je me suis identifiée comme chrétienne, car c’est ce qui me motivait dans ma démarche, ma foi, et non pas ma profession. J’étais impressionnée par le courage dont la communauté faisait preuve en s’affichant de la sorte, à une époque où c’est si difficile pour les musulmans de le faire. J’avais un profond désir de les encourager dans leur projet et de les rencontrer, car j’estime que c’est un enrichissement pour notre région », explique Audrey.
Nawal avoue avoir été très touchée par cette approche à laquelle elle ne s’attendait pas. À ce moment, les autres membres de la communauté et elle se questionnaient à savoir s’ils continuaient, après quelques messages irrespectueux et menaçants à leur endroit sur les médias sociaux. Le message d’Audrey et la connexion qui s’en est suivie entre les deux femmes après une première discussion de plus de deux heures ont été salutaires.
« La spiritualité d’Audrey est venue me chercher. Qu’on soit catholique ou musulman, à la base, on cherche Dieu », souligne Nawal.
« Il ne faut pas oublier que le mot religion vient du latin religio, du verbe religare, qui signifie relier », renchérit Audrey, qui croit à l’importance de l’accueil interreligieux dans nos communautés. « Il ne faut pas mettre l’emphase sur ce qui nous divise, mais sur ce qui nous rassemble, ce qu’on a en commun », ajoute-t-elle.
Dans l’ombre, Audrey Boucher a donc transféré par Messenger l’invitation à la porte ouverte à quelques personnes de son entourage. L’évêque du Diocèse de Sainte-Anne-de-la-Pocatière, Mgr Pierre Goudreault, ainsi que le curé de la Cathédrale Sainte-Anne-de-la-Pocatière Christian Bourgault s’y sont présentés. Une religieuse, Sœur Micheline, y est également allée et a même prié simultanément avec les membres du Centre, mais dans le respect de sa foi catholique, raconte-t-on. Et ainsi s’est concrétisé cet accueil interreligieux, au bénéfice des deux communautés.