Cœur de fermière : Julie Aubé a de la terre sous les ongles

Julie Aubé a célébré à la ferme 40 arpents la sortie régionale de son plus récent livre. Photo : Éliane Vincent

Le 20 avril dernier, quelques dizaines de personnes ont convergé vers la ferme 40 Arpents de Saint-Onésime-d’Ixworth pour assister au lancement régional du livre Cœur de fermière, de la nutritionniste, communicatrice et désormais agricultrice Julie Aubé.

On connaît Julie Aubé parce qu’on l’entend dans les médias, parce qu’elle a publié deux guides Mangez local!, parce qu’elle donne des conférences, parce qu’elle sillonne le Québec avec ses événements Prenez le champ, qui font suite au livre du même nom publié en 2016. Nutritionniste de formation, elle s’est donné pour mission de rapprocher les mangeurs et les agriculteurs, de créer des liens pour que manger local devienne un plaisir partagé à grande échelle.

À force de parler d’agriculture, elle a eu envie d’en faire. Le livre, délicatement illustré par Élisabeth Cardin,  raconte comme une belle histoire sa recherche du lopin de terre idéal pour donner vie à ses envies. Entre Montréal et Saint-Roch-des-Aulnaies, Julie Aubé tisse une ligne de vie où viennent s’attacher tous les fils de ses passions. On voit naître au long des pages la petite ferme qu’elle a imaginée, conçue selon les principes de l’agroforesterie, et mise sur pied avec quelques péripéties et l’aide généreuse des fermiers voisins. « Les agriculteurs sont des gens vraiment très occupés, mais ils ont toujours trouvé deux minutes pour répondre à mes questions, souvent même me proposer leur aide ».

Mille projets, une seule mission

Cœur de fermière, contrairement aux autres livres publiés par Julie Aubé, n’est pas un guide pratique sur l’implantation d’une ferme ou la mise en marché de produits transformés, mais le témoignage de l’expérience vécue par l’autrice en décidant de vivre avec de la terre sous les ongles. Celle-ci souligne que : « c’est moins un livre sur le comment qu’un livre sur le pourquoi : pour la grande beauté de la petite agriculture, le sens qu’elle donne à ce qu’on met dans notre assiette, le sens de la communauté qu’on crée quand on sent qu’on nourrit nos voisins, qu’on contribue à la suite du monde. »

À travers son récit s’entremêlent les grands thèmes de la vie qui passe : la maternité, le vivant, la mort, les saisons, la beauté… et les humains qui donnent un sens à tout ça. Parce qu’en développant Roch le fermier (c’est le nom de sa ferme), Julie Aubé a mis en pratique les valeurs qu’elle a portées dans toutes ses autres activités de communication. « Je crois que l’avenir est un travail d’équipe. Quand on est en équipe, on veut se faire grandir les uns les autres, on veut avancer ensemble. On le sait que manger local, c’est bon pour l’environnement, mais quand vient le temps de changer nos comportements, le savoir ne suffit pas, il faut une motivation qui va au-delà de la statistique, et qui passe par l’affect. C’est là-dessus que je travaille. »

C’est le début de la quatrième saison de Roch le fermier. Le métier commence à rentrer. En cette fin d’avril, les poules sont arrivées. Le jardin attend la chaleur, les arbustes fruitiers bourgeonnent presque. Ils ont commencé la saison dernière à donner leurs premiers petits fruits, et d’ici quelques années, des pommes, des poires et des prunes viendront compléter les récoltes.

Julie la nutritionniste s’est trouvé une âme de fermière, et le livre se ferme sur sa vision de l’avenir. Sera-t-elle toujours agricultrice dans 20 ans? Probablement, mais qui sait? Bien consciente que « rien n’est plus stable que le changement », elle laisse la vie la guider, ouverte à d’autres possibles. « J’aime qu’on puisse se donner le droit d’être débutant dans quelque chose, c’est aussi un des messages portés par mon livre. »

Tous ceux qui passent par le petit kiosque devant sa ferme, et qui goûtent à ses pâtes fraîches, aux œufs de ses poules ou aux légumes de son jardin peuvent aussi goûter l’amour qu’elle y a mis, le travail qui se cache derrière les saveurs, et la générosité de ce pays et de ses gens. C’est sans doute ce qui réjouit le plus celle qui a écrit dans Manger local! 2 : « Ensemble, on peut mener loin l’idée de manger près ».

Le plaisir et le partage étaient partout dans l’air. Photo : Éliane Vincent