C’est un moment marquant pour le diocèse de Sainte-Anne-de-la-Pocatière puisque Mgr Pierre Goudreault, évêque en poste depuis 2018, vient d’être élu président de la Conférence des évêques catholiques du Canada (CECC). En accédant à la plus haute fonction de l’épiscopat canadien, il devient la voix des évêques du pays, et portera désormais les grandes orientations de l’Église catholique à l’échelle nationale.
Mgr Pierre Goudreault, évêque francophone, succède à Mgr William T. McGrattan, anglophone, à la tête de la CECC.
Né le 27 mai 1963 à Rouyn-Noranda, aux confins du Québec et de l’Ontario, Mgr Goudreault a été ordonné prêtre en 1991 avant d’être nommé par le pape François évêque de Sainte-Anne-de-la-Pocatière en 2017. Son adjoint, un anglophone comme le veut la règle de l’alternance entre les deux communautés linguistiques du Canada, est Mgr Donald Bolen.
Depuis 2019, Pierre Goudreault siège au Bureau de direction de la CECC, où il a acquis une expérience qui l’a préparé à cette nouvelle responsabilité. « Je suis reconnaissant à mes confrères évêques pour leur confiance manifestée en m’ayant élu président de la Conférence épiscopale du Canada. J’accueille cette mission dans un esprit de service, désireux de continuer à marcher ensemble pour l’annonce de l’Évangile d’un océan à l’autre », a-t-il déclaré au Placoteux, lors d’un bref échange de courriels.
Une direction renouvelée
Outre l’élection de Mgr Goudreault, l’assemblée plénière de la CECC a aussi élu Mgr Donald Bolen, archevêque de Régina en Saskatchewan, comme vice-président. Deux cotrésoriers complètent l’équipe, en l’occurrence Mgr Christian Rodembourg, évêque de Saint-Hyacinthe (secteur français, deuxième mandat), et Mgr Mark Hagemoen, évêque de Saskatoon (secteur anglais, premier mandat). Ces quatre membres forment le Bureau de direction et siègent de droit au Conseil permanent.
Celui-ci regroupe également de nouveaux représentants régionaux : Mgr Peter Hundt (Atlantique), Mgr Alain Faubert (Québec), Mgr Daniel J. Miehm (Ontario) et Mgr Murray Chatlain (Ouest). Pour le secteur français, Mgr Guy Desrochers et Mgr Pierre-Olivier Tremblay ont été réélus. Enfin, quatre évêques de premier plan demeurent membres permanents, soit le cardinal Gérald C. Lacroix (Québec), le cardinal Frank Leo (Toronto), Mgr Christian Lépine (Montréal) et Mgr Lawrence Huculak (Winnipeg, Église ukrainienne).
Lors de cette assemblée plénière, les évêques canadiens ont évoqué plus particulièrement l’unité des chrétiens, avec des invités œcuméniques et la présentation du projet de Stratégie œcuménique nationale par la commission épiscopale pour l’unité des chrétiens. Ils ont aussi parlé du 1700e anniversaire du concile de Nicée.
Il fut également question de la protection des mineurs contre les abus sexuels, afin d’informer les évêques et de les aider à améliorer leurs politiques de protection. On a aussi abordé la synodalité, un an après la remise du Document final du Synode des évêques, ainsi que l’intelligence artificielle. Enfin, les évêques ont renouvelé leur souhait de poursuivre le processus de guérison et de réconciliation avec les peuples autochtones, initié par le pape François lors de sa visite au Canada en 2022.
Le rôle de la CECC
Fondée en 1943 et reconnue par le Saint-Siège en 1948, la Conférence des évêques catholiques du Canada constitue l’instance de concertation et de leadership spirituel des évêques du pays. Elle prend position sur des enjeux sociaux et éthiques, publie des lettres pastorales, et coordonne la vie de l’Église dans un Canada marqué par la diversité linguistique et culturelle.
Qu’est-ce que la synodalité?
La synodalité est une manière d’être et de vivre l’Église catholique qui se définit par le fait de « marcher ensemble » en communion, participation et mission, en se mettant à l’écoute de l’Esprit saint et d’autres membres du peuple de Dieu. Le mot vient du grec syn (ensemble) et hodos (chemin), et renvoie à un processus de collaboration et de discernement au sein de l’Église, notamment à travers des assemblées comme le Synode des évêques.
Elle s’exprime à travers plusieurs dimensions. D’abord, le cheminement, où tous les fidèles sont appelés à participer activement à la vie et à la mission de l’Église. Elle suppose ensuite une attitude d’écoute et de discernement, attentive à la parole de Dieu, à l’Esprit saint, et aux échanges entre pasteurs et fidèles.
La synodalité vise aussi à renforcer la communion, en valorisant la diversité des dons et des charismes au service de l’unité. Elle est intimement liée à la mission évangélisatrice, qui ne peut être accomplie qu’en collaboration. Enfin, il s’agit d’un processus continu, appelé à se déployer dans la vie ordinaire de l’Église, et pas seulement, lors des grands rassemblements synodaux.
Sous l’impulsion du défunt pape François, cette approche a pris une place centrale au cours des dernières années. Elle a marqué les synodes sur la famille, les jeunes, l’Amazonie, et plus récemment, le Synode sur la synodalité (2023-2024). Elle se veut ainsi une réponse aux défis contemporains, comme la lutte contre les abus, la nécessité de transparence, et l’exigence de reddition de comptes. Plus largement, elle représente un appel à la conversion, pour rendre l’Église plus ouverte, plus humble, et plus proche des réalités du monde.