La coroner Renée Roussel s’est penchée sur le décès d’Alvin Becare, 34 ans, un travailleur philippin à Saint-Alexandre, qui était atteint de la COVID-19 le printemps dernier.
La coroner raconte que Becare, arrivé au Canada il y cinq ans, était confiné à sa chambre depuis plusieurs jours, en raison de son infection à la COVID-19. Les services d’urgence ont été appelés, mais n’ont rien pu faire, car le travailleur était déjà décédé à leur arrivée.
L’autopsie réalisée sur Alvin Becare rapporte la présence de lésions aux lobes des deux poumons et la présence d’une maladie coronarienne touchant l’artère coronaire droite. L’homme n’avait pas consommé de substances autres que du Tylenol et un relaxant musculaire, obtenu sur prescription.
L’histoire du trentenaire indique qu’il travaillait dans une entreprise du Kamouraska (NDLR: chez Aliments Asta à Saint-Alexandre) etpartageait une maison avec cinq autres collègues qui avaient tous contracté la COVID-19. Les jours précédents, il était alité, incapable de se lever et avec des difficultés respiratoires. La veille, il aurait mentionné qu’il allait mieux, tout en se plaignant d’une douleur au dos.
« Cette douleur était peut-être d’origine cardiaque provoquée par l’obstruction majeure de la coronaire droite détectée à l’autopsie et qui elle, typiquement, donne plutôt des douleurs perçues dans le dos lorsque la partie du muscle cardiaque qu’elle irrigue est en manque desang et d’oxygène. L’oxygène dans le sang devait être très bas avec la pneumonie qu’il avait », souligne la coroner Roussel.
Becare n’a toutefois pas consulté de médecin, même s’il savait comment les services de santé fonctionnaient, car il avait déjà consulté à plusieurs reprises à l’urgence des hôpitaux de la région lorsqu’il en avait eu besoin.
Infection COVID-19
La coroner présume qu’il avait contracté la COVID-19 au travail, car il y avait plusieurs cas d’infections au virus parmi le personnel de l’entreprise.
« C’est la raison pour laquelle la Commission des normes, de l’équité, de la santé et de sécurité du travail (CNESST) est intervenue. L’inspecteur de la CNESST a mis en évidence des lacunes dans les mesures de prévention de l’infection de sorte que les travailleurs étaient exposés par d’autres travailleurs porteurs du virus. Il a demandé à l’entreprise des correctifs qui ont fait l’objet de suivi de la part de la CNESST. L’entreprise a intensifié ses mesures de triage et ses activités de sensibilisation sur les mesures de prévention, en plus de rendre obligatoire le port du masque de procédure en tout temps aux postes de travail et lors des déplacements. De plus, il y a eu réaménagement des salles communes pour permettre la distanciation nécessaire entre les travailleurs », écrit Renée Roussel dans son rapport.
Elle conclut qu’Alvin Becare est décédé de complications pulmonaires liées à l’infection par le virus de la
COVID-19 fort probablement contracté au travail.
Réactions
Aliments Asta a tenu à réagir au dévoilement du rapport.
« Aliments Asta a mis énormément d’énergie à mettre en place des mesures de sécurité pour ses employés dès le début de la pandémie en mars 2020. Elle souhaite rappeler qu’elle a suivi toutes les mesures demandées par la Santé publique et la CNESST, autant avant le décès de M. Becare que par la suite. Aussi, le port du masque obligatoire au travail a été mis en place avant même l’obligation imposée par les autorités compétentes », indique-t-on par voie de communiqué.
On ajoute que si M. Becare est bien décédé des suites de la COVID-19 comme semble l’indiquer le rapport, cela démontre bien l’importance de prendre ce virus au sérieux et surtout, l’importance de la vaccination pour le combattre et tous se protéger. Plus de 85 % des employés d’Aliments Asta sont vaccinés et l’entreprise les encourage en ce sens.
« Maintenant, l’entreprise souhaite regarder en avant et tourner la page tout en conservant l’ensemble des mesures pour bien protéger ses employés », conclut-on.
