Défis de croissance à Saint-Alexandre-de-Kamouraska

Anita Ouellet Castonguay devant le pavillon sportif. Photo : Maxime Paradis

Saint-Alexandre-de-Kamouraska est victime de son succès. Comptant près de 2000 habitants lors de l’entrée en poste de l’actuelle mairesse Anita Ouellet Castonguay en 2009, la municipalité frôle aujourd’hui les 2367 personnes, selon le décret de population 2024. Cette croissance soutenue, la seule du genre observée au Kamouraska depuis 15 ans, vient toutefois avec son lot de défis.

Anita Ouellet Castonguay doit sûrement faire l’envie de bien des maires à la table du conseil de la MRC de Kamouraska. À son quatrième mandat à la mairie — son dernier, assure-t-elle —, elle gère de la croissance depuis son entrée en poste. Nouvelle caserne de pompiers, pavillon sportif, jeux d’eau, et un gigantesque préau en bois massif recouvrant la patinoire extérieure on fait de Saint-Alexandre le nouveau paradis des familles, en quelques années à peine.

Plusieurs attribuent ce dynamisme à la proximité de Rivière-du-Loup, qui se trouve à une vingtaine de kilomètres de là. La croissance économique louperivoise, qui ne semble pas s’essouffler depuis une bonne vingtaine d’années, déborde de toute évidence sur ses voisines. Saint-Alexandre, à mi-chemin entre ville et campagne, s’est ainsi imposée comme un havre de paix accessible financièrement aux familles, tout en profitant des avantages qu’offre Rivière-du-Loup.

« Il y a beaucoup de familles où les deux parents travaillent à Rivière-du-Loup. Parfois, un des deux va travailler à Saint-Pascal, ou même à La Pocatière », avoue la mairesse, qui reconnaît le côté un peu « banlieue » de sa municipalité, bien que s’y trouve l’entreprise Aliments Asta, un des plus gros employeurs au Kamouraska.

Maison des jeunes

Signe que les enfants des jeunes familles d’hier vieillissent, Saint-Alexandre-de-Kamouraska envisage maintenant de doter la municipalité d’une maison des jeunes. La Pocatière et Saint-Pascal ont la leur depuis plusieurs années, les deux étant gérées en OBNL avec une équipe d’intervenants spécialisés. À Saint-Alexandre, le projet est actuellement développé par la Municipalité, et se veut plus modeste. Un coordonnateur serait embauché, mais les heures d’ouverture seraient réduites pour la première année.

« Ça fait longtemps qu’on a ce projet en tête pour les adolescents, mais il n’a jamais été mis à exécution avant aujourd’hui », explique Anita Ouellet Castonguay.

La directrice des loisirs de la municipalité est celle qui pilote le dossier pour le moment. Elle serait, selon la mairesse, en discussion avec des organismes communautaires de la région pour bien démarrer la chose.

Des travaux doivent toutefois être faits au préalable dans l’ancien local des scouts, destiné à accueillir la maison des jeunes en son sous-sol. Les investissements tourneraient autour de 15 000 $. « La Municipalité va s’assurer de financer le service pour commencer. On aimerait pouvoir ouvrir le tout pour la Saint-Jean-Baptiste. »

École, bibliothèque et CPE

Les jeunes enfants ne sont pas en reste non plus. Saint-Alexandre veille au développement de nouvelles places en CPE sur son territoire. Un total de 39 places sont déjà offertes à l’installation Les amis d’Alex, rattachée au Centre de la petite enfance (CPE) Pitatou.

Une construction déjà entamée permettra d’augmenter ce nombre de 21 places, et un autre permis est en attente pour la création de 26 places supplémentaires. « On a aussi une garderie temporaire de 16 places, aménagée dans un local de notre bâtiment municipal que nous prêtons. Les nouvelles places au CPE devraient être disponibles pour septembre. »

L’école Hudon-Ferland serait aussi mûre pour un agrandissement, elle qui déborde avec ses 236 enfants. « Pour le moment, il n’y a aucun projet dans l’air », a confirmé Geneviève Soucy, directrice générale adjointe du Centre de services scolaire (CSS) de Kamouraska–Rivière-du-Loup. La Municipalité de Saint-Alexandre a néanmoins été contrainte d’en retirer sa bibliothèque municipale, le CSS ayant repris ces locaux pour répondre aux besoins des élèves et du personnel. « On mijote un projet pour la bibliothèque municipale, qui a été déménagée temporairement dans une entreprise de Saint-Alexandre », précise la mairesse.

Vers une stagnation?

Saint-Alexandre-de-Kamouraska approche-t-elle du moment où sa croissance devrait ralentir? Pour la première fois l’an passé, la municipalité s’est fait damer le pion par La Pocatière, à l’extrême ouest du Kamouraska, pour la croissance de sa population. Anita Ouellet Castonguay ne prononce pas le mot ralentissement, mais elle reconnaît qu’il y a de moins en moins de possibilités pour faire du développement résidentiel dans le périmètre urbain, ceinturé par une zone agricole. Deux demandes ont été faites à la Commission de protection du territoire agricole du Québec pour agrandir ce périmètre dans les dernières années, mais chaque fois un refus a été essuyé.

Dans le rang Saint-Adolphe, à proximité du lac Morin, 99 terrains appartenant à un promoteur privé sont tout de même disponibles pour la construction résidentielle. Ceux-ci, dont les prix varient entre 40 000 et 50 000 $, peuvent accueillir des maisons unifamiliales, mais ils demeurent excentrés par rapport au périmètre urbain de Saint-Alexandre. Et dans les rues résidentielles de la municipalité, une simple tournée suffit pour constater que peu de résidences sont en vente, ou du moins, que les quelques-unes dotées d’une pancarte d’un courtier immobilier indiquent toutes « vendu ». « Une municipalité, ça ne doit pas stagner. Le défi, c’est de trouver les moyens de grandir tout en demeurant à l’écoute des besoins de la population », conclut Anita Ouellet Castonguay.

L’ancien local des scouts doit accueillir la future maison des jeunes. Photo : Maxime Paradis
L’école Hudon-Ferland est mûre pour un agrandissement. Photo : Maxime Paradis
L’installation Les amis d’Alex, rattachée au CPE Pitatou, accueillera 21 places supplémentaires dès septembre prochain. Photo : Maxime Paradis