Avec 5 % des intentions de vote chez les francophones, le Parti libéral du Québec n’est manifestement pas dans ses meilleures années. Pour preuve, ça ne se bouscule pas aux portes pour en devenir chef, même que l’élection à sa direction a été remise à l’année 2025, faute de candidat crédible… Coup de théâtre, l’ex-maire de Montréal et ex-député et ministre libéral fédéral Denis Coderre semble plus qu’intéressé à prendre les rênes de cette formation historique.
Force est de constater toutefois que sa possible candidature n’a pas engrangé un fort élan de sympathie et d’enthousiasme de la part des militants libéraux et de l’actuelle députation, ni de celle des époques précédentes, mais pourtant…
Une bête politique
Une chose est certaine, Denis Coderre est une bête politique et il aime le monde. Bien que son style de leadership ne fasse pas l’unanimité, il n’en demeure pas moins que c’est un élève de l’école de Jean Chrétien, une autre bête politique avec un style permettant une proximité avec le peuple — une qualité qui était jadis également présente chez un dénommé Maurice Duplessis, premier ministre du Québec pendant plus de 15 ans.
Qui plus est, reconnu comme étant « une bête politique », Denis Coderre a déjà un avantage considérable sur la classe politique en général, car avouons-le, la relève en la matière n’est pas très dynamique, même qu’elle est à mon sens quasi absente. Oui, j’estime ici qu’une bonne partie de nos élites, dont certains politiciens contemporains, et ce, partout en Occident, ont oublié l’essentiel, en l’occurrence le peuple. Alors qu’à l’inverse, Denis Coderre possède un excellent flair politique, et il sent aisément la température ambiante.
Or, même si sa possible candidature entraîne son lot d’interrogations, voire même certaines moqueries, il s’agit pratiquement de la seconde fois qu’on entend parler positivement de cette formation politique depuis sa dégelée en 2022, la précédente étant lors la sortie en 2023 d’un rapport du comité de relance du PLQ souhaitant que le parti procède à un virage nationaliste pour reconquérir l’électorat francophone — comité dirigé par André Pratte, dont l’ex-ministre libéral de Rivière-du-Loup–Témiscouata, Jean d’Amour, faisait partie.
Norbert Morin a raison
L’ex-député libéral de Côte-du-Sud Norbert Morin a récemment déclaré au sujet de Denis Coderre qu’il était une bonne candidature, mais souhaitait en revanche que d’autres personnes de qualité lèvent aussi la main afin de donner un élan au PLQ, soit le « momentum » nécessaire à sa reconstruction.
Même si M. Morin n’a pas pour autant admis qu’il appuierait la candidature de l’ex-maire de la métropole québécoise, l’expérience de ce dernier pourrait fortement aider à positionner avantageusement le Parti libéral, alors qu’au même moment le gouvernement caquiste, selon le dernier sondage Pallas Data/Qc125/L’actualité récolte seulement 21 % des intentions de vote. Le PQ dirigé par PSPP en récolte quant à lui 32 % et le PLQ, 15 %.
Norbert Morin croit ainsi qu’en raison de la remontée du PQ, et d’un possible référendum sur l’indépendance pouvant avoir lieu après 2025, le Québec pourrait renouer avec la traditionnelle dichotomie, souverainistes versus fédéralistes. En d’autres termes, il semble qu’une fenêtre s’ouvre pour la reconstruction du PLQ, et que Denis Coderre, avec son expérience, pourrait contribuer à la renaissance du parti de Jean Lesage et de Robert Bourassa.
Par ailleurs, même si plusieurs parlent de renouveau pour le PLQ, j’estime, à la lumière du rapport Pratte et de ma propre expérience, que ce n’est pas tant de renouveau que le Parti libéral du Québec a besoin, mais bien de renouer avec ses racines, soit posséder une aile nationaliste forte tout en reprenant le créneau de l’économie, ce qui est la recette naturelle du succès libéral, et non la vision globaliste de gauche de l’ex-cheffe libérale Dominique Anglade, qui a mené le parti au fond du gouffre.
Le meilleur disponible
Bien qu’une kyrielle de libéraux ne voient pas en Denis Coderre la personne providentielle pouvant redresser cette formation — dont Jean d’Amour, même si celui-ci respecte le parcours politique du principal intéressé —, la possible candidature de l’ex-maire de Montréal n’est pas dépourvue de sens. À preuve, Denis Coderre suscite fortement l’intérêt des médias, et avouons-le, jusqu’à maintenant sa sortie a été très réussie. De plus, son arrivée pourrait susciter l’intérêt d’autres candidats de qualité, dont le député du PLC de Louis-Hébert, Joël Lightbound, qui n’a pas fermé la porte à cette avenue.
En somme, avec un gouvernement caquiste qui s’affaisse, et un Parti Québécois qui est présentement en zone majoritaire, une voie de passage est résolument ouverte pour que le Parti libéral connaisse une hausse dans les sondages, et Denis Coderre en est peut-être la clé. De toute manière, même s’il n’est pas l’homme providentiel tant attendu pour la reconstruction souhaitée du PLQ, il pourrait en revanche être celui qui sortira cette formation politique du marasme dans lequel elle est tombée. De plus, avec 5 % des intentions de vote chez les francophones, je suis convaincue que Denis Coderre, s’il devient chef, ne peut qu’améliorer la situation.
L’ex-maire de la métropole est passé par plusieurs épreuves dans les dernières années, dont une tentative de suicide, et un AVC à la suite duquel il a dû réapprendre à marcher et à parler. Malgré lesdites épreuves, il s’est relevé et souhaite maintenant devenir chef du Parti libéral du Québec. S’il n’est pas le leader charismatique souhaité par plusieurs, son parcours et son courage forcent pourtant l’admiration, et les Québécois aiment ce style de profil. Oui, Denis Coderre est présentement la meilleure carte dont dispose le PLQ.