La viticulture est en effervescence au Québec, mais principalement dans l’objectif de transformer les raisins en vin. Alors que certains producteurs se démarquent déjà dans la région avec leur production viticole, de nouveaux joueurs orientés vers le raisin de table émergent tranquillement, principalement au Kamouraska.
Mario Belzile s’est laissé tenter par la culture du raisin de table en 2017. Copropriétaire de l’entreprise Produits maraîchers Belzile de Saint-Pascal avec sa conjointe Pascale Ouellet, il avait appris de la bouche d’agronomes que le MAPAQ offrait un soutien financier afin d’encourager la culture du raisin de table en région nordique.
« J’aime le raisin, mais je ne suis pas un buveur de vin. J’ai donc suivi quelques formations pour voir si c’était possible pour moi de me lancer dans le raisin de table », a-t-il raconté.
De 300 vignes la première année, 100 se sont ajoutées la deuxième pour une surface totale cultivée d’environ 0,2 ha. Les premiers raisins ont été vendus en 2019, mais l’abondance est réellement au rendez-vous depuis l’an dernier. Mario Belzile a donc développé son réseau de distribution qui ne se limite plus seulement à sa boutique à la ferme.
« On a maintenant quelques épiceries de village qui vendent nos raisins, entre Kamouraska et Saint-André-de-Kamouraska », résume-t-il.
Dix variétés se plaisent dans le sol argilo-sableux de Mario Belzile, la plupart étant rouges et sans pépins. Le Sommerset (rouge), sa principale variété, côtoie les Trollhaugen (rouge), Magenta (rouge), Reliance (rouge), Einset (rouge), Brianna (vert), Petite Jewel (rouge), Tango (vert), Canadice (rouge) et le Roland (vert), un cépage hybride purement kamouraskois développé par Roland Boisvert de La Pocatière.
Le Reliance, au goût de pamplemousse affirmé, est un coup de cœur généralisé chez les clients de Mario Belzile, qui lui en font la demande aussi tôt qu’en août, lorsque débute la saison des bleuets.
« Les gens sont de plus en plus curieux face au raisin de table québécois. Plusieurs pensent que ça ne peut pas pousser chez nous, et ils sont toujours surpris, quand ils les goûtent, de découvrir que c’est tout aussi sucré que les raisins d’épicerie. »
Demande en croissance
Producteur depuis peu, Rémi Faucher de la Ferme Harfang à La Pocatière partage l’opinion de son homologue pascalien. La demande croissante pour le raisin de table québécois est ce qui l’a motivé à cultiver 0,8 ha, soit presque 2000 vignes. « Ce qui est en train de se faire au Québec dans le raisin, c’est la même chose qui s’est passée il y a quelques années dans la pomme : les producteurs plantent différentes variétés, et vérifient l’appréciation de chacune chez les consommateurs. »
Que restera-t-il de cet engouement? Difficile à prévoir, mais tout comme Mario Belzile, Rémi Faucher a privilégié la diversification des variétés, le Sommerset représente 40 % de son vignoble, suivi de près par le Trollhaugen. Radisson (rouge), Himrod (vert), Adalmiina (vert), Swenson Red (rouge), Louise Swenson (vert), Canadice, Reliance, Einset et Bluebell (rouge) complètent la production.
Planté en 2022 au cœur de la Grande-Anse, dans un sol loam argileux, le vignoble de Rémi Faucher est en quelque sorte en mode expérimentation. La vigne préfère d’ordinaire des sols plus sablonneux, comme chez Mario Belzile à Saint-Pascal.
Un sol riche en matière organique et en nutriments, comme on en trouve dans la Gande-Anse à La Pocatière, n’est pas la norme. Gaëlle Dubé, agronome reconnue pour son expertise dans le domaine de la culture du raisin de table, accompagne le viticulteur dans son aventure.
« En temps normal, cette année on ne devait pas avoir de raisins, comme c’était notre première année. Mais comme les vignes ont bien poussé l’an passé, on a laissé un certain pourcentage de grappes qu’on a pu récolter. Jusqu’à présent, on peut dire que nos deux premières années de test ont été très concluantes », conclut Rémi Faucher.