Des résidus de graines de tournesol à la base de produits cosmétiques

Savon à l’Okara de tournesol du Quai des Bulles. Photo : Courtoisie.

Quatre ans de recherche et développement entre la Ferme du Pré Rieur de Saint-Jean-Port-Joli et l’entreprise Culture Sauvage de Montréal pourraient bien être à l’origine d’une petite révolution dans le domaine des cosmétiques. À partir du tourteau, résidu obtenu lors du processus de pressage de la graine de tournesol pour en extraire l’huile, le tandem a développé l’Okara, une solution locale, écologique et responsable pouvant servir de matière exfoliante dans le domaine cosmétique.

Ce nouveau produit issu d’une longue et étroite collaboration entre Sandrine Chabert de Culture Sauvage et Daniel Dubé de la Ferme du Pré Rieur est un exemple de synergie supplémentaire s’inscrivant dans la démarche d’économie circulaire de Montmagny-L’Islet. Même si la chargée de projet Aurélie Bousquet avoue ne pas avoir eu à jouer les entremetteuses dans cette synergie, elle avoue être fière de contribuer à sa médiatisation.

Familière avec les vertus de plus en plus reconnues de l’huile de tournesol, Sandrine Chabert utilisait déjà celle de la Ferme du Pré Rieur de Saint-Jean-Port-Joli pour réaliser les macérations végétales à la base de ses différents produits cosmétiques. Lorsqu’elle a eu vent que Daniel Dubé n’avait plus de débouchés pour son tourteau, elle l’a approché afin de travailler au développement d’un produit à partir de ce résidu qui pourrait se substituer à d’autres actuellement utilisés sur le marché dans le domaine des cosmétiques, mais dont l’empreinte écologique est plus néfaste pour la planète.

Ainsi est né l’Okara biologique de tournesol, Okara signifiant en japonais résidus ou sédiments. Obtenue dans le cadre d’un processus de moulage, cette fine fibre végétale est constituée de la cosse de la graine de tournesol et de la graine elle-même. Elle permet d’exfolier la peau en douceur plutôt que d’avoir recours à des produits comme le sucre, le sel ou la coque de fruits qui ont remplacé depuis 2018 les microbilles de plastique aujourd’hui interdites dans l’industrie cosmétique, mais malheureusement non disponible localement au Canada sinon que par le biais de l’importation.

« Très souvent, les producteurs sont très loin des cosmétiques. Ils ne se rendent pas compte de la manne dont ils disposent. Ils voient que la destruction du produit, ce qu’ils doivent en faire et les coûts de transport qui y sont associés. Si tout le monde pensait comme Daniel et cherchait à offrir une deuxième vie à leurs sous-produits, j’aurais du travail assurément pour 300 ans », s’est exclamée Sandrine Chabert.

Cette dernière est convaincue que le Québec et le Canada disposent de toutes les ressources nécessaires sur leur territoire pour ne pas avoir recours à des produits étrangers pour la conception de cosmétiques éthiques et responsables. Le tandem désire d’ailleurs faire connaître le fruit de leur synergie dans cette optique, voire commercialiser le produit à l’état brut dans le cas de Daniel, l’intégrer comme solution de rechange dans la conception de ses cosmétiques dans le cas de Sandrine afin de diminuer ses coûts de matières premières. Un produit utilisant le pouvoir gommant de cette poudre fine obtenue après séchage doit d’ailleurs être lancé sous peu par la femme d’affaires.

Quai des bulles

Plus localement, une autre synergie découlant de la création de l’Okara a aussi vu le jour. Impliquant cette fois la Ferme du Pré Rieur et la savonnerie le Quai des Bulles, celle-ci a permis de remplacer une matière qui venait d’ailleurs dans la conception de l’un de ses savons par l’Okara de tournesol. À titre de chargée de projet en économie circulaire dans Montmagny-L’Islet, Aurélie Bousquet est cette fois intervenue plus étroitement dans cette synergie.

L’Okara de tournesol à l’état brut. Photo : Courtoisie.