Des ventes locales perdues en raison des tarifs pour la mise à l’eau des embarcations au Témiscouata

Philippe Paradis. Photo : archives Le Placoteux

La nouvelle tarification pour la mise à l’eau des embarcations sur les lacs de la MRC de Témiscouata, qui est entrée en vigueur cette année, n’a pas uniquement un impact économique dans le secteur concerné, mais également pour les régions limitrophes. Le propriétaire de la boutique chasse et pêche La Salopette et l’Aventurier de Saint-Pascal a en effet vu ses ventes décroître, car plusieurs de ses clients ont décidé d’arrêter d’aller pêcher au Témiscouata en raison de cette nouvelle mesure visant à combattre la prolifération de la moule zébrée et d’autres espèces envahissantes.

Depuis septembre 2022, des signalements de moules zébrées ont été faits à plusieurs endroits dans le lac Témiscouata, suscitant une grande inquiétude. Les autorités municipales et régionales, considérant cette situation comme particulièrement alarmante, ont lancé des initiatives dites concrètes afin de sensibiliser la population au risque de contamination, tout en faisant la promotion de pratiques de protection des plans d’eau.

La principale mesure préconisée étant le lavage obligatoire de toutes les embarcations avant leur mise à l’eau, la MRC de Témiscouata, qui est la mandataire de cette initiative, a mis sur pied un réseau de plus d’une dizaine de stations de lavage avec guérite au coût de 1,2 M$, pour l’entretien desquelles 75 000 $ supplémentaires sont nécessaires annuellement.

Pour payer toutes ces nouvelles installations, des demandes de subvention dans divers programmes ont été déposées, et certaines réponses sont par ailleurs toujours attendues. Cependant, la portion des frais annuels est divisée en trois, dont une partie revient aux utilisateurs. Néanmoins, les frais exigés sont considérés comme étant « exagérés » par les plusieurs usagers venant de l’extérieur du Témiscouata, et même pour certains utilisateurs demeurant dans la région en question.

En effet, une passe journalière pour un lac seulement, et valide pour huit jours, vaut 50 $ pour un non-résident, alors que pour une carte annuelle sur un même lac, le montant a versé est de 250 $. Une carte annuelle pour fréquenter plus d’un lac au Témiscouata coûte quant à elle 400 $.

Des pertes de revenus

Cette nouvelle tarification pour l’accession aux lacs du Témiscouata a fait perdre plusieurs ventes au propriétaire de la boutique chasse et pêche La Salopette et l’Aventurier, Philippe Paradis, puisque certains de ses clients qui passaient par son commerce avant de se rendre dans cette région ont décidé de changer leurs habitudes, en raison principalement des nouveaux tarifs imposés pour lutter contre la prolifération de la moule zébrée dans ce secteur.

« Je ne suis pas contre les mesures appliquées par la MRC de Témiscouata sur les lacs de la région, je comprends très bien la problématique. Mais les tarifs proposés et ceux ayant été envisagés au départ ne sont pas du tout les mêmes. On parlait au début de 2 à 10 $ par utilisation, alors qu’on est à 25 et 50 $ aujourd’hui. J’ai de gros pêcheurs qui y allaient deux à trois fois par année, et qui ont décidé de ne plus s’y présenter, ce qui a pour conséquence moins de motels loués, et moins d’achats localement, donc des ventes en moins pour moi », a-t-il commenté au Placoteux.

Bien que M. Paradis ne puisse pas encore préciser le montant exact de ses pertes — puisque la saison n’est pas encore terminée —, il estime que celles-ci seront de plusieurs milliers de dollars.

Contacté par Le Placoteux, le directeur général de la MRC de Témiscouata Denis Ouellet a convenu que les tarifs pouvaient être perçus comme dispendieux, mais que l’urgence de la situation exigeait des mesures proportionnelles.

« Je suis conscient que cette nouvelle tarification peut avoir un certain impact négatif sur l’économie, mais il faut également prendre en considération les dommages causés par les espèces aquatiques envahissantes. Ces dernières peuvent sérieusement compromettre la navigation, la pêche sportive, la baignade, la qualité de l’eau, et même la valeur foncière des propriétés. L’idée était de trouver un juste milieu, et on pense qu’il s’agit d’un compromis acceptable », a-t-il conclu.

Rappelons toutefois que pour les embarcations non motorisées, c’est-à-dire les canoës, les kayaks, les planches à pagaie, et tout autre équipement et accessoire nautique sans moteur, à l’exception des voiliers, le lavage est obligatoire avant d’accéder à un plan d’eau, mais il demeure gratuit.