Est-il trop tard?

Image de la Terre. Photo : NASA (Unsplash.com)

Certains vont dire que je cherche encore à faire peur, mais se pourrait-il qu’il soit trop tard pour réaliser, et surtout réparer les dégâts que nous avons causés en adoptant sans réfléchir tout ce que le progrès moderne nous a proposé?

Nos vies ont changé du tout au tout depuis la fin de la Deuxième Guerre mondiale. Que ce soit pour nous nourrir, nous habiller, nous loger, nous transporter, socialiser, nous amuser, nous reproduire, un nombre incalculable de nouveaux produits nous ont été proposés pour faciliter et agrémenter notre vie quotidienne. Et nous avons tout acheté avec enthousiasme!

Ce faisant, tout a changé : l’agriculture est devenue une industrie hautement mécanisée et chimique; les villes ont grossi et les banlieues se sont étendues comme des champignons; l’auto et les motorisés de tout calibre ont envahi l’espace; les avions et les satellites sillonnent le ciel en tout temps; les pays riches d’Occident se sont distanciés des pays pauvres d’Asie, d’Afrique et d’Amérique latine; les ordinateurs et l’internet sont omniprésents dans nos vies et nos activités; chacun de nous consomme en énergie l’équivalent de 600 esclaves autrefois; la politique est plus que jamais à la remorque des grandes entreprises multinationales… et nous achetons tout sans nous poser de question!

Mais voilà que la machine se détraque.

Le climat, dopé par les gaz émis par les énergies fossiles — pétrole, gaz, charbon, méthane — que nous utilisons pour produire de l’électricité et faire marcher nos machines, se réchauffe au point de provoquer sécheresses, pénuries d’eau, feux, inondations, tempêtes, qui font de plus en plus de morts et menacent de rendre des villes et des régions complètes inhabitables.

Les matériaux et minéraux que nous utilisons pour fabriquer tout ce confort s’épuisent rapidement, les mers se vident, le gaspillage est généralisé, et les déchets que nous produisons sont en train de nous étouffer, et d’étouffer la nature qui nous entoure et nous fait vivre.

Les jeunes populations des pays pauvres quittent leur pays au risque de leur vie, alimentant un flot continu d’immigrants et de migrants clandestins qui se butent aux frontières fermées des pays riches craignant pour leur sécurité et leur identité.

L’omniprésence de produits toxiques dans nos aliments, dans l’eau, dans l’air, provoque des cancers, des maladies de toutes sortes, des infirmités, des troubles mentaux, des épidémies et des démences précoces.

Les gouvernements sont débordés de partout, n’arrivent plus à résoudre les problèmes de santé, d’éducation, de justice, de logement, de main-d’œuvre, d’itinérance et de violence urbaines, de transition écologique, ni surtout à contrôler les grandes entreprises modernes, les banques et les paradis fiscaux, perdant ainsi de plus en plus la confiance des citoyens qui se tournent vers des démagogues et des dictateurs.

La disparition des religions et des morales traditionnelles au profit d’un individualisme décontracté ouvre la porte à une sorte de chaos intellectuel et moral qui engendre de l’insécurité, de la détresse et de la violence.

Est-il trop tard?

Est-il possible de faire marche arrière, de changer de direction, de changer nos modes de vie, de nous rapprocher de la nature, de changer la politique de croissance continue qui nous emporte comme le train fou de Lac-Mégantic? Est-ce réaliste de penser qu’on pourra s’adapter collectivement à ce grand dérèglement de notre habitat, le seul que nous ayons, la Terre?

L’idée n’est pas de faire peur… mais de comprendre ce qui nous arrive, le prix de notre mode de vie, d’y faire face courageusement, et de poser les bons gestes.