Sous le Régime français, la pratique notariale n’est pas une sinécure. Les représentants du roi de France et les seigneurs demandent aux notaires de couvrir de vastes territoires. Ce sont eux qui, les premiers, ont désigné la région de Beaumont à Kamouraska sous le nom de Côte-du-Sud.
L’un des premiers à occuper cette profession sur la Côte-du-Sud est Étienne Jeanneau. Né vers 1668 à La Tardière en Poitou, il épouse Catherine Perrot à Sainte-Famille (île D’Orléans) le 16 août 1694. Marchand pour un temps à Québec, il s’établit à Rivière-Ouelle en 1698.
En l’absence de notaires dans la région, le 14 juin 1709, l’intendant Jacques Raudot donna une commission d’huissier et de notaire à Étienne Jeanneau pour desservir le territoire des seigneuries de Port Joli, Grande-Anse, La Bouteillerie, Kamouraska et Rivière-du-Loup. À l’époque pour exercer la fonction de notaire royal, il fallait faire le témoignage de son honnêteté devant une tierce personne non apparentée, en l’occurrence le curé de Kamouraska. Il est possible qu’Étienne Jeanneau ait reçu cette commission de notaire royal en 1714. Le 11 juillet, le curé Auclair confessait l’avoir reçu au sacrement de pénitence et lui avoir donné la sainte communion.
Comme il n’y avait aucun juge dans la région, Jeanneau reçut l’autorisation d’agir comme subdélégué de l’intendant. Sans posséder toute la formation nécessaire pour exercer comme notaire ou huissier, Étienne Jeanneau poursuivit sa carrière jusqu’en 1743, mais non sans quelques querelles de clôture ou de droits de passage avec ses voisins. En raison de son âge avancé, il fut remplacé comme notaire royal le 22 février de cette année-là par Joseph Dionne. Lors de la remise de cette commission à Dionne, Étienne Jeanneau était qualifié de notaire royal en la seigneurie de La Pocatière. Ceci nous porte à croire qu’Étienne Jeanneau fut bel et bien le premier notaire royal sur la Côte-du-Sud.