Feux de forêt : Des étudiants du Cégep de La Pocatière forcés d’évacuer le Nord québécois

Le groupe de Techniques de bioécologie en compagnie de leurs enseignants à la station Uapishka. Photos : Courtoisie

Quatre étudiants en Techniques de bioécologie, en compagnie de deux enseignants du Cégep de La Pocatière, ont vécu toute une mésaventure lors de la deuxième édition des projets de leur formation générale ayant eu lieu à la station Uapishka, située à Manicouagan sur la Côte-Nord, du 1er au 10 juin derniers. Ils ont dû évacuer l’endroit en raison des feux de forêt qui faisaient rage dans cette zone.

Tout avait pourtant bien commencé pour le groupe. Après deux nuits à la station Uapishka, faisant partie de la réserve mondiale de la biosphère Manicouagan-Uapishka où est offert du soutien logistique associé aux activités scientifiques, l’équipe a dû ramasser son équipement et repartir en direction de Baie-Comeau. L’ordre d’évacuer avait été donné par les autorités.

« Après seulement une journée et demie, et après avoir déployé nos équipements scientifiques pour commencer les études, les responsables de la station ont reçu la consigne des services d’urgence de procéder, au plus tard le lendemain matin, à l’évacuation des lieux. On est resté surpris, car on ne sentait pas de fumée. Par contre, en se réveillant, la fumée et la senteur de brûlé étaient perceptibles, alors que les feux les plus proches étaient, nous disait-on, à plus de 200 km », a confié Richard Turbide, enseignant.

Après être parti en convoi de véhicules avec les autres évacués du secteur, le groupe pocatois a craint, ne serait-ce qu’un moment, d’être obligé de rebrousser chemin et de se diriger plutôt vers Fermont, aux environs de la frontière du Labrador, au lieu d’aller se réfugier à Baie-Comeau, comme convenu au préalable.

« Au kilomètre 90, on voyait les colonnes de fumée de chaque côté. Le lendemain, la route en question a été fermée parce que le brasier a finalement rejoint la 389 dans cette zone. Heureusement, lors de notre passage à un barrage policier, les agents nous ont laissé continuer », a expliqué Mathilde Andrews, étudiante en Techniques de bioécologie au Cégep de La Pocatière.

« Se virer sur un dix cents »

Ayant atteint sains et saufs Baie-Comeau, et après consultations, les étudiants ont décidé de rester sur place et de s’adapter à la situation.

Grâce au réseau de contacts des professeurs dans leur champ d’expertise, les projets ont pu être déménagés au Parc Nature de Pointe-aux-Outardes, située tout près de Baie-Comeau. L’objectif pédagogique est demeuré sensiblement le même, avec toutefois quelques variantes, en raison principalement de la malencontreuse situation.

« Nous avons usé de beaucoup d’imagination pour recadrer les projets dans les écosystèmes côtiers auxquels nous avions maintenant accès. Ouf! Ce n’est que maintenant que je réalise l’ampleur de la résilience dont ont fait preuve nos étudiants; la débrouillardise que mon collègue et moi avons dû déployer pour réinventer l’aventure, mais surtout la force et la détermination de notre groupe, uni », a déclaré Myriam Lambany, enseignante en bioécologie.

Cette expérience n’aurait d’ailleurs pas pu avoir lieu en classe, et les épreuves vécues par les étudiants lors de cette mésaventure leur serviront tout au long de leur carrière, voire de leur vie personnelle.

« Les apprentissages ont été nombreux et ont largement dépassé le cadre scolaire. Une réelle expérience humaine, qui nous a fait saisir l’importance de la solidarité et qui nous a inculqué une bonne dose d’humilité face aux forces de la nature. Un bel exemple du genre d’adaptation que risquent de rencontrer nos étudiants dans leur future vie professionnelle, et qu’aucune salle de classe traditionnelle n’aurait pu permettre », a conclu Mme Lambany.

Mathilde Andrews, Richard Turbide et Myriam Lambany. Photo : José Soucy