Pour la directrice du Centre d’action bénévole du Kamouraska, Pascale Ouellet, l’arrêt progressif du service de livraison du courrier porte-à-porte aura des conséquences humaines bien au-delà du simple envoi de lettres.
« Le facteur, pour plusieurs personnes âgées, c’était parfois la seule visite de la journée ou de la semaine », dit-elle, ajoutant que cette présence familière avait une valeur inestimable. « Les facteurs connaissent leurs clients. Ils voient les habitudes, les changements. Si la boîte aux lettres déborde, s’ils ne voient plus quelqu’un, ils peuvent prévenir les autorités. »
Aujourd’hui, ce rôle de sentinelle sociale glisse vers les bénévoles du CAB. Mme Ouellet confirme que les bénévoles ont déjà dû intervenir à la suite d’inquiétudes soulevées sur le terrain. « Oui, c’est déjà arrivé, dit-elle. Un bénévole s’est présenté chez une personne, et a remarqué qu’elle n’allait pas bien. Dans ces cas-là, une procédure bien rodée s’enclenche. La consigne, c’est qu’ils nous appellent ici, au centre. On communique ensuite avec les personnes de référence inscrites au dossier, souvent un membre de la famille ou un voisin. Et s’il faut aller plus loin, on fait appel aux services d’urgence. Ce n’est pas fréquent, mais ça arrive. Et ça montre à quel point notre rôle dépasse parfois le simple service rendu. »
Ce rôle supplémentaire s’ajoute à une mission déjà chargée « On est un petit centre, mais on couvre un vaste territoire, avec 400 à 500 usagers inscrits », affirme Mme Ouellet. Le CAB du Kamouraska dispose heureusement de quelques outils de veille, comme le programme Sécuricab. « On a deux volets : l’appel de sécurité et le rappel de prise de médicaments. Le plus populaire ici, c’est le rappel de médicaments. »
Mais selon Mme Ouellet, rien ne remplacera jamais la vigilance humaine. « Le facteur, c’était quelqu’un du milieu, quelqu’un qu’on voyait, qui remarquait les choses. C’est un grand vide qui s’installe tranquillement. » Et ce vide, ce sont désormais les bénévoles des centres d’action bénévole qui devront tenter de le combler, un appel et une visite à la fois.