Incivilité en classe : le cri du cœur des enseignants

Les enseignants sont de plus en plus la cible d’incivilité. Illustration générée par l’intelligence artificielle DALL-E

Comme vous l’apprenait un récent dossier du Placoteux, les enseignants doivent de plus en plus faire face à de l’incivilité de la part d’élèves, même très jeunes. Le Syndicat de l’enseignement du Grand-Portage (CSQ) a récemment participé à une consultation sur ce sujet lancée par la Fédération des syndicats de l’enseignement (FSE-CSQ). Les résultats, à la fois troublants et révélateurs, ont mis en lumière l’urgence d’agir pour protéger les enseignants et préserver un climat scolaire sain.

« L’incivilité a un impact direct sur notre capacité à enseigner, et sur la qualité du climat de classe », explique Natacha Blanchet, présidente du Syndicat de l’enseignement du Grand-Portage. Selon les données recueillies auprès de 190 enseignants de la région, 84 % estiment que ces comportements irrespectueux ont augmenté au cours des deux dernières années. Plus alarmant encore, 34 % d’entre eux rapportent en être victimes de manière quotidienne.

Les impacts de ces comportements sur l’apprentissage sont indéniables : 95 % des répondants considèrent que l’incivilité nuit à la concentration des élèves, tandis que 94 % affirment que cela réduit le temps consacré aux apprentissages. Par ailleurs, 83 % des enseignants constatent une surcharge de travail liée à ces comportements, et 85 % estiment que cela affecte leur motivation.

Outre les élèves, certains parents contribuent au problème. Près d’un tiers des répondants disent avoir subi de l’incivilité de la part de parents au moins une fois par mois. Ce constat souligne un enjeu sociétal qui dépasse les murs de l’école.

Des solutions concrètes

Pour répondre à ces défis, les enseignants ont proposé des solutions concrètes. Parmi celles-ci figurent l’enseignement des comportements attendus, l’application de sanctions claires et justes pour les élèves récidivistes, ainsi que des mesures de réparation telles que des travaux communautaires. Ils recommandent également des formations sur le civisme destinées aux élèves, accompagnés de leurs parents au besoin.

« Ces solutions visent non seulement à réduire l’incivilité, mais aussi à restaurer un climat d’apprentissage propice et respectueux, autant pour les élèves que pour les enseignants », ajoute Mme Blanchet qui insiste sur l’importance d’agir rapidement pour enrayer un phénomène qui, selon elle, risque de s’aggraver si aucune mesure n’est prise.

Le Syndicat de l’enseignement du Grand-Portage, qui représente environ 1200 membres des centres de services scolaires de Kamouraska–Rivière-du-Loup et du Fleuve-et-des-Lacs, appelle à une mobilisation collective pour mettre en place ces changements. « C’est toute la société qui bénéficierait d’un retour à des relations plus respectueuses en milieu scolaire », conclut Mme Blanchet.