Le terme inclusion est à la mode actuellement en éducation. La bienveillance l’est aussi, et malgré cela, jamais il n’y a eu autant de violence dans nos écoles et centres au Québec. Cette violence insidieuse s’est installée lentement avec, en surcroît, la tolérance et la banalisation de celle-ci. Une phrase telle que « ce n’est pas grave qu’il morde, il est petit, il n’a que quatre ans » est répandue.
Avec les dernières modifications à la Loi sur l’instruction publique (LIP), l’éducation carbure aux données probantes et aux courants populaires pour guider la mission de l’école québécoise qui consiste à instruire, à socialiser et à qualifier. Est-ce réellement sur ces trois axes que mise l’école actuellement en tolérant une telle montée de violence? Est-ce que l’école remplit sa mission pour toutes et tous de manière juste et égalitaire en banalisant la violence?
Trop souvent, un élève crie, insulte, blasphème, mord, frappe, détruit dans une classe. L’école québécoise doit-elle le tolérer, car elle est tenue aux encadrements de la LIP qui oblige à la fréquentation obligatoire? Qu’arrive-t-il des autres élèves lorsqu’un élève se désorganise, crie, frappe ou insulte? Où sont les droits des autres élèves à la scolarisation? Dans le quotidien de la classe, quand un élève est perturbé, le personnel enseignant et de soutien est chaque fois à pied d’œuvre pour protéger les autres élèves. Pendant ce temps, la mission d’instruire de l’école québécoise est mise sur pause. Qui est perdant dans l’inclusion? Est-ce l’élève à besoin particulier, ou les 20 autres élèves du groupe?
Dans une période de forte pénurie de personnel, la classe ordinaire est très souvent composée d’une multitude de ressources : personnel enseignant en appui pédagogique, orthopédagogue, psychoéducatrice ou psychoéducateur, technicienne ou technicien en éducation spécialisée, etc. Ne devrions-nous pas regrouper les ressources dans une classe spécialisée, en prenant en compte les recommandations des équipes-écoles ou centres quant aux besoins des élèves, pour leur permettre un climat propice à l’apprentissage? Ne devrions-nous pas permettre aux élèves d’apprendre, de socialiser, et ce, sans anxiété face à un élève qui blasphème, intimide, crie, insulte, frappe ou détruit?
De cette façon, la composition de la classe s’en verrait améliorée, et permettrait au personnel enseignant et de soutien d’enseigner, d’accompagner, d’intervenir, et non de gérer des crises ou des comportements inadéquats pour assurer la sécurité des élèves.
À la suite de l’enquête menée auprès du personnel enseignant et de soutien, il s’avère qu’un membre du personnel enseignant sur cinq au SEGP (CSQ) dit subir de la violence physique de la part des élèves. Du côté du personnel de soutien (CSN), une travailleuse ou un travailleur sur deux affirme subir de la violence physique de la part des élèves. À noter que les éducatrices et éducateurs spécialisés, le personnel œuvrant dans les services de garde, et les surveillantes et surveillants d’élèves sont les quarts d’emploi les plus touchés. Un membre du personnel enseignant sur deux dit subir également de la violence verbale et psychologique de la part des élèves.
Les statistiques ne sont pas plus reluisantes du côté du personnel de soutien (CSN). Une employée ou un employé sur trois se déclare victime de violence verbale et psychologique. Il nous semble avoir déjà entendu que la violence n’était pas tolérable, pourquoi alors la tolérer? Parce que les enfants sont petits? Parce que l’élève vit dans un milieu dysfonctionnel? Parce que l’élève a une problématique de santé mentale?
Bref, la composition de la classe s’est complexifiée, oui, mais probablement que les orientations des Centres de services scolaires (CSS), avec l’inclusion à tout prix pour ne pas nuire à l’estime des élèves à besoin, font en sorte que c’est maintenant la sécurité des élèves et du personnel qui est en jeu. Nous parlons ici de la sécurité tant psychologique que physique, essentielle dans un contexte d’apprentissage ou de travail.
Sommes-nous trop tolérantes et tolérants? Entendons-nous les cris du cœur du personnel enseignant, de soutien et des élèves? Y répondre, c’est confirmer l’importance que l’intégration abusive a des limites pour les élèves à besoin qui ont droit à un enseignement de qualité, mais aussi pour tous les autres élèves qui ont aussi droit à l’éducation.