ITAQ : La Ferme-école LAPOKITA dans l’attente

Simon Beaulieu. Photo : Maxime Paradis.

La Ferme-école LAPOKITA survivra-t-elle à la constitution de l’ITAQ ? Les installations demeureront et conserveront assurément leur vocation, mais l’OBNL responsable de sa gestion depuis 21 ans pourrait très bien disparaître avec la nouvelle autonomie aujourd’hui octroyée à l’ancien ITA.

La Ferme-école LAPOKITA est un OBNL constitué officiellement en septembre 2000 et qui a pour mandat de gérer les installations agricoles qui font office de lieu d’enseignement pratique pour les étudiants de l’ITAQ. Propriété du MAPAQ, le tiers de son budget de fonctionnement provient du Ministère. L’OBNL entretient également les bâtiments au nom de la Société québécoise des infrastructures (SQI).

Le souhait de rentabiliser les installations, ce qui était impossible sous l’égide de l’ITA, avait justifié la création de l’OBNL il y a 21 ans. Avec le nouveau modèle de l’ITAQ, qui n’est plus une direction du ministère de l’Agriculture comme l’était l’ITA, il n’est plus interdit pour l’institution d’engranger des revenus d’exploitation. Le maintien de l’OBNL pourrait donc être remis en question par le conseil d’administration de l’ITAQ qui pourrait même choisir de posséder les installations purement et simplement.

En mêlée de presse le 30 juin, le ministre de l’Agriculture André Lamontagne l’a lui-même reconnu. Se gardant bien de vouloir « alimenter quelques suppositions que ce soit », il a avoué que l’ITAQ avait maintenant tous les leviers entre les mains pour lui permettre de bien remplir sa mission et qu’il revenait à l’Institut d’évaluer comment il entendait s’organiser dans ce nouveau contexte.

« Avant, on était dans une situation où l’ITA était une direction de ministère, mais qui devait remplir les obligations d’une maison d’enseignement. Toutes sortes de gymnastiques ont dû être mises en place pour lui permettre de remplir sa mission de former des étudiants », a-t-il rappelé, en référence notamment à la constitution de la Ferme-école LAPOKITA au début des années 2000.

Flottement

Du côté de l’OBNL, le président Simon Beaulieu avoue que la Ferme-école est dans une forme de flottement. L’ancien directeur Normand Caron a quitté récemment et la direction est actuellement partagée entre Serge Fournier et Nathalie Bélanger, à l’emploi de la Ferme depuis plusieurs années, en attendant d’en savoir davantage sur les intentions de l’ITAQ.

« Pour la prochaine année, on sait que la Ferme va poursuivre ses opérations dans la structure habituelle, car l’entente financière qui nous lie avec le MAPAQ est sur le point d’être signée. Mais on est conscient que l’OBNL pourrait ne pas continuer », souligne-t-il.

La Ferme-école aurait néanmoins aimé en savoir davantage sur son futur le 30 juin, lorsque le ministre Lamontagne, la députée Marie-Eve Proulx, la directrice générale de l’ITAQ Aisha Issa et le président du conseil d’administration Alain Chalifoux étaient tous réunis à La Pocatière pour donner le coup d’envoi à la nouvelle entité institutionnelle. Son budget de fonctionnement n’a pas été indexé depuis plusieurs années et des investissements urgents doivent être faits, entre autres l’aménagement d’une fosse à fumier qui répondrait aux exigences environnementales d’aujourd’hui.

Des investissements de 59 M$ pour la construction de nouvelles infrastructures ont pourtant été annoncés pour les campus de Saint-Hyacinthe et de La Pocatière et un autre 12 M$ pour le maintien des actifs, mais rien n’a été présenté dans le fin détail par le ministre. Quant à la nouvelle directrice générale, même elle n’en savait pas plus pour le moment.

 « Le ministre a parlé qu’il y aura bel et bien un bâtiment multiélevage et que l’ancienne meunerie et bergerie serait restaurée. Mais à part ça, on n’en sait pas plus », ajoute Simon Beaulieu.

La Ferme-école LAPOKITA est néanmoins optimiste et estime que la constitution de l’ITAQ est un plus. Elle donne aussi du temps à la nouvelle administration afin qu’elle établisse ses besoins pédagogiques qui orienteront ses actions à la Ferme, ce qu’elle considère comme sa priorité.