Le nom de Joseph-Elzéar Bernier est célèbre dans l’histoire de la navigation des eaux de l’Arctique canadien. Mais on connaît peu les membres de son équipage. Certains ont joué un rôle important lors de ses voyages.
Mentionnons parmi d’autres Émile Lavoie (1881-1965) qui se joint à l’expédition de 1910-1911 sur le CGS Arctic. Natif de Saint-Jean-L’évangéliste dans le comté de Bonaventure, il travaille dans les secteurs du chemin de fer et des pêcheries avant d’entreprendre des études en météorologie et en magnétisme terrestre.
Émile Lavoie participe à l’expédition de 1910-1911 dans le but de réaliser des relevés topographiques et météorologiques de la Terre de Baffin. N’ayant pas d’expérience dans ce genre d’aventure, le voyage en mer lui est très pénible. Il s’ennuie d’une demoiselle qu’il a connue à L’Islet. Son journal intime décrit d’une façon très poétique les sentiments qu’il a pour sa bien-aimée. Il s’agit de Germaine Leclerc puisqu’il l’épousera à L’Islet le 8 janvier 1912.
Rendu sur la Terre de Baffin, Émile Lavoie réalise des expéditions sur la rive est de la péninsule de Brodeur. À son retour, il devient fonctionnaire au ministère des Travaux publics à Ottawa. Ayant un talent pour l’écriture, il publie en 1925 le roman Le grand sépulcre blanc. En partie autobiographique, le roman raconte l’histoire d’un ingénieur participant à une expédition scientifique dans l’Arctique, lequel tombe en amour avec une femme inuite.
Dans les années suivantes, Émile Lavoie devient membre de sociétés secrètes d’inspiration maçonnique à Montréal et à Lévis. Avec d’autres Canadiens français établis à Ottawa, il fonde en 1926 l’Ordre de Jacques Cartier (OJC) et en devient un membre influent durant plusieurs années. Dissoute en 1965, cette société avait été créée pour promouvoir les intérêts sociaux, économiques et religieux des Canadiens français. Prenant sa retraite en 1942, Émile Lavoie quitte l’Ordre et Ottawa pour aller s’établir à L’Islet avec son épouse. Il décède à Montréal le 23 juillet 1965.