Je pensais attendre le 1er avril pour vous parler de la carpe roseau, communément appelée carpe asiatique, mais cela aurait été une bien mauvaise blague. La présence de ce poisson dans le Saint-Laurent vient d’être confirmée, ce que craignaient les scientifiques depuis plusieurs années.
Par où commencer? Par vous expliquer que la carpe de roseau est une espèce exotique envahissante, une EEE. Eeeeuh! C’est une espèce qui n’est pas originaire du Québec, qui n’est pas indigène. C’est un peu comme les Européens qui ont débarqué en Amérique à la fin du 15e siècle. Vous voyez, ce qui reste des peuples autochtones.
Vous avez peut-être déjà entendu parlé de la moule zébrée qui bouche les prises d’eau ou bien du roseau phragmite qui envahie les belles rives de notre Saint-Laurent. Il s’agit aussi d’espèces exotiques envahissantes. Le problème avec ces espèces, c’est qu’une fois introduites, elles prennent la place d’autres espèces et sont pratiquement impossibles à éliminer. Un peu comme un beau-frère fatiguant qui ne voudrait pas partir de la maison et qui se dédoublerait tous les jours. Vous allez fuir assez vite. Une chance que les espèces exotiques (et les beaux-frères) ne sont pas toutes envahissantes, car il y en a plus de 150 dans le bassin du Saint-Laurent et des Grands Lacs.
La carpe asiatique
La carpe de roseau est originaire de l’Asie, c’est pourquoi on l’appelle couramment la carpe asiatique. En fait, il y en a quatre de ces carpes asiatiques introduites en Amérique. Elles ont été introduites dans des piscicultures aux États-Unis pour se débarrasser des algues envahissantes. Évidemment, il y a eu des fuites et elles sont devenues l’envahisseur.
Elles ont atteint le fleuve Mississippi, le plus grand cours d’eau des États-Unis, un nouvel environnement sans prédateurs, ni compétiteurs, ni maladies. Les carpes asiatiques ont facilement pris la place des espèces indigènes et elles constituent maintenant plus de 80 % des poissons dans cet immense réseau hydrographique. Il en découle des pertes économiques importantes, surtout du fait de la diminution des autres espèces de poissons qui étaient pêchées commercialement et sportivement. C’est ce qu’on craint pour les cours d’eau du Québec, des pertes économiques chiffrées en milliards de dollars.
Ralentir sa propagation
Vous pouvez aider à ralentir sa propagation, principalement en cessant d’utiliser des appâts de poissons vivants lorsque vous pêchez. Le ministère de la Forêt, de la Faune et des Parcs vient d’ailleurs de modifier son règlement sur cet aspect. Des petits poissons, c’est difficile à différencier. Il faudrait éviter de relâcher au-delà des barrages ou autres obstacles des bébés carpes qu’on pourrait croire être des menés.
Autrement, vous pouvez aussi demander à votre bon ami Donald Trump de revenir sur sa décision de couper de 97 % le programme de dépollution des Grands Lacs ou à Ricardo de nous préparer une recette de général Tao à la carpe asiatique.
Collaboration spéciale : Guillaume Dufour