Réunis pour une rencontre provinciale sur la mobilisation et la crise en agriculture, près de 200 élus et professionnels de l’Union des producteurs agricoles (UPA) ainsi que de ses 37 organisations affiliées ont sondé le paysage agricole québécois. Les conclusions sont alarmantes : la crise agricole atteint des sommets inquiétants, et des actions immédiates sont nécessaires pour endiguer ce qui est qualifié de marée noire qui menace le secteur.
« Des milliers de producteurs ont manifesté à travers le Québec pour exprimer leurs craintes et leurs espoirs. Les mesures gouvernementales actuelles ne sont pas suffisantes pour atténuer la crise, et l’urgence d’agir n’a jamais été aussi grande », lance Martin Caron, président général de l’UPA, ajoutant que la situation se détériore de jour en jour.
Selon Agriculture et Agroalimentaire Canada, le revenu agricole net québécois devrait chuter de manière spectaculaire (-49,2 % en 2023; -86,5 % en 2024), une baisse sans précédent depuis 1938. Ces prévisions sombres surviennent malgré les interventions de La Financière agricole du Québec, soulignant ainsi l’insuffisance des programmes gouvernementaux qui ne représentent qu’une fraction du budget de l’État.
Un sondage récent de l’UPA confirme l’aggravation de la situation financière des fermes québécoises. Sur les 3552 productrices et producteurs ayant répondu, 42 % des entreprises affichent un solde résiduel négatif, et 52 % sont à risque de ne pas honorer leurs obligations financières, avec une menace encore plus grande pour les fermes de la relève. De plus, 11 % des entreprises envisagent de fermer temporairement ou définitivement leurs portes au cours des douze prochains mois, principalement dans les régions périphériques et chez les petites fermes.
La dette agricole croissante, l’inflation persistante, et les paiements d’intérêts en hausse agissent comme des poids supplémentaires, mettant en péril la viabilité de milliers d’entreprises agricoles, et par extension, de toute l’industrie bioalimentaire. Les productrices et producteurs réclament des mesures d’urgence, notamment un rehaussement significatif des budgets, du soutien financier, des mesures d’aide à la relève, et une réglementation environnementale adaptée à la réalité agricole.
Martin Caron a conclu sur la nécessité d’une meilleure prise en compte des priorités agricoles par le gouvernement. « Une reconnaissance pleine et entière de l’importance économique, sociétale et stratégique des productrices et producteurs est nécessaire », a-t-il affirmé, appelant à une action immédiate pour sauvegarder l’avenir de l’agriculture québécoise.