La consternation était vive l’an dernier à pareille date alors que le lac Saint-Pierre était de nouveau victime d’un épisode de cyanobactéries. Alors que l’émotivité était à fleur de peau et les divisions sur le point d’être irréconciliables entre les riverains, une mobilisation a tout de même émergé de ce réveil brutal, dont les premiers résultats s’observent déjà sur le terrain.
L’eau du lac est très trouble depuis la mi-août, et des traînées de cyanobactéries sont visibles ici et là à quelques endroits. Le lac Saint-Pierre, partagé entre les municipalités de Mont-Carmel, Saint-Gabriel-Lalemant et Saint-Pacôme, n’est pas encore tiré d’affaire, mais la mobilisation entamée l’an dernier est prometteuse.
À l’été 2021, un appui financier de la Caisse Desjardins Centre-Est-du-Kamouraska a permis à l’organisme de bassin versant OBAKIR de réaliser de la sensibilisation auprès de quelques riverains. Des observations issues de cette tournée ont ensuite permis d’élaborer un plan d’action en cinq points. « Le plan a été présenté le printemps dernier à l’assemblée générale annuelle de l’Association des propriétaires du lac Saint-Pierre. Il a été adopté unanimement, et déjà des choses sont en marche », indique la vice-présidente Ophélie Deschamps Lévesque.
Les chemins ceinturant le lac Saint-Pierre ont d’abord été analysés par un ingénieur. Un portrait des améliorations à apporter pour éviter le ruissellement a été fait. Des riverains bénévoles plancheraient déjà sur le dossier. Un autre bénévole s’est attardé à la circulation nautique, déployant des bouées là où la profondeur de l’eau est au moins de cinq mètres, le minimum souhaité pour qu’un bateau évite de remettre en suspension des sédiments gorgés de phosphore lors de son passage. « Il y a déjà une belle adhésion de la plupart des gens qui ont des embarcations », poursuit la vice-présidente.
La concertation des municipalités riveraines a aussi été entamée. Plus tard, on souhaiterait qu’elles uniformisent leurs réglementations en bordure du lac, et qu’elles interviennent pour mieux informer les résidents et le public sur les actions à poser pour préserver la qualité de l’eau. Des discussions sont prévues avec elles au courant de l’automne.
L’an prochain, on promet cette fois de s’attaquer à la question de la restauration des bandes riveraines. Des propositions d’aménagement de nature « personnalisée » seront faites aux propriétaires, la situation pouvant différer pour chacun.
Ralentir le vieillissement
Toutes ces actions ciblées par l’Association des propriétaires du lac Saint-Pierre et OBAKIR visent à ralentir le vieillissement du lac Saint-Pierre, qui avait déjà été victimes d’épisodes de cyanobactéries dans le passé. Processus naturel dans la vie d’un lac, ce vieillissement se serait accéléré dans le cas du lac Saint-Pierre, notamment en raison d’un important apport en sédiments souvent gorgés de phosphore, cet élément chimique qui, combiné à la chaleur, une sécheresse ou un déboisement excessif entre autres, contribue à l’apparition de cyanobactéries.
L’an dernier, l’ancienne chargée de projets au volet sensibilisation chez OBAKIR, Manon Ouellet, avait sonné l’alarme en ce sens. Elle rappelait qu’en 2006, on estimait déjà que le lac Saint-Pierre était surchargé en résidences, alors qu’elles se comptaient à l’époque au nombre d’une cinquantaine. Or, 15 ans plus tard, on en recense maintenant plus de 70.
« Le problème du lac Saint-Pierre, c’est le ruissellement excessif dans son bassin versant. Même si l’eau se renouvelle habituellement en moins de 300 jours, ce n’est pas suffisant en été si le lac demeure agressé de toutes parts. Avec tout ce qui s’est passé au cours des 20 à 50 dernières années, sa structure écologique a changé et sa profondeur a diminué. Il vieillit maintenant plus rapidement que naturellement », disait-elle.
Son successeur, Antoine Plourde-Rouleau, s’est tout de même montré positif pour l’avenir, notamment en raison de ce renouvellement relativement rapide de l’eau. Selon lui, les mesures prises actuellement risquent d’avoir un impact positif sur l’avenir du lac Saint-Pierre si l’adhésion des riverains, mais aussi celle des différents acteurs impliqués dans son bassin riverain se poursuit.