Fermé faute d’avoir tous les employés nécessaires à son bon fonctionnement, le centre de thérapie en dépendance La Montée de Rivière-Ouelle lance un cri du cœur. Sans une augmentation de son budget de fonctionnement, l’organisme ne voit pas comment il pourra recruter de la main-d’œuvre et permettre aux personnes sur sa liste d’attente d’entamer une thérapie dans les meilleurs délais.
Malgré son calme olympien, le directeur général de La Montée Stéphane Picard est catégorique : la situation actuelle est critique pour son organisme. Financièrement, La Montée n’est pas en déficit. Prévisions budgétaires à la main, la saine gestion impressionne : l’OBNL emploie en général 17 personnes avec un budget d’à peine plus de 670 000 $ par année.
Avec cette somme, La Montée déploie entre autres un service de prévention des dépendances dans les écoles secondaires de la région, un programme de prévention du jeu excessif dans tout le KRTB, en plus d’offrir un centre d’hébergement 24/7 pouvant accueillir six personnes à la fois pour le traitement des dépendances. Or, depuis quelque temps, ce service est suspendu car La Montée manque de ressources qualifiées pour être en mesure de l’offrir.
« Nous sommes 14 employés à l’heure actuelle. On a besoin d’un bachelier pour le volet d’intervention plus clinique, et d’un intervenant en réinsertion sociale. Sans ces deux ressources, il est impossible pour nous de rouvrir notre centre d’hébergement pour reprendre les thérapies de façon sécuritaire », résume Stéphane Picard.
Conséquence : 22 personnes attendent actuellement d’entamer une thérapie afin de régler une problématique de dépendance. Toutes ces personnes, selon Stéphane Picard, ont fait le choix « d’attendre », car elles veulent aller à La Montée. Les cas jugés les plus « urgents » ont quant à eux été référés dans d’autres centres.
« En thérapie, la pire chose à faire c’est de demander à une personne qui a la volonté de régler son problème maintenant de devoir attendre. Le risque est de perdre l’impulsion entre le moment où elle nous a contactés et celui où on sera en mesure de l’accueillir », poursuit le directeur général.
Conditions de travail
Si la pénurie de main-d’œuvre est à l’origine de la fermeture de son centre d’hébergement, Stéphane Picard sait bien que les conditions de travail non compétitives du milieu communautaire sont ce qui exacerbe le problème. Avec l’inflation qui s’ajoute dans l’équation, même si les intervenants sociaux s’épanouissent souvent davantage dans le milieu communautaire, cet argument ne suffit plus à compenser la faiblesse des salaires offerts.
« Avant, on disait que travailler dans le milieu communautaire était un choix, que c’étaient des gens passionnés. Mais quand tu n’arrives plus à payer ton épicerie et à subvenir aux besoins de ta famille, ce n’est plus un choix, mais une question de survie. Quand on cible des candidats potentiels, ils nous le disent que ce n’est pas l’envie qui leur manque de se joindre à notre équipe, mais que le salaire n’est pas assez élevé comparativement aux réseaux public ou privé. »
Et pourtant, La Montée avoue avoir augmenté ses salaires dans la dernière année… dans le respect de sa capacité de payer. Malgré cela, l’organisme se retrouve de nouveau à la case départ, à embaucher des personnes à des postes qu’il avait pourtant pourvus il y a moins d’un an, comme les deux annoncés récemment.
Sachant que les besoins ne diminuent pas, Stéphane Picard estime que la fermeture prolongée de son centre d’hébergement en traitement des dépendances devient un enjeu de santé publique. Seulement entre le 1er et le 14 septembre, 15 demandes d’aide ont été placées auprès d’employés de La Montée, souligne-t-il.
« Il existe d’autres centres, mais les listes d’attente sont longues partout. Il doit se passer quelque chose et vite pour les organismes comme le nôtre. On a besoin d’aide financière vite si on veut pouvoir reprendre nos activités et concrétiser notre mission. »
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